La pire tragédie de l'histoire du sport automobile : 84 morts et une centaine de blessés. © JimmyPrickett/Isopix

11 juin 1955 : effusion de sang au Mans

Il est 18h28 et c’est le drame. Pour éviter Mike Hawthorn, Lance Macklin se décale brutalement sur la gauche. Une Mercedes file dans son dos. Roulant à du 200 km/h, Pierre Levegh fracasse son véhicule contre le bolide de Macklin. La voiture décolle et explose en plein vol. La pire tragédie de l’histoire du sport automobile est en train de se produire.

Le Mans, c’est un mythe. La course voit le jour dans l’entre-deux-guerres. Objectifs des initiateurs ? Favoriser le développement de l’automobile et contribuer aux progrès techniques. Les 26 et 27 mai 1923, pour la première fois, trente-trois équipes de deux pilotes s’élancent sur la piste. Les vainqueurs bouclent 128 tours à une moyenne de 92 km/h. Un bon départ.

L’épreuve s’impose bientôt comme un événement incontournable. Chaque année, les meilleurs pilotes s’y rendent pour s’affronter dans une ambiance tout à la fois survoltée et glamour. Les stars sont attirées par la vitesse et le goût du défi. Celui du risque aussi. Certes, les organisateurs de la compétition prétendent être à la pointe en matière de sécurité. Au coeur des années 1950, les précautions demeurent pourtant rudimentaires. Très fréquemment, on déplore l’un ou l’autre décès pendant la course. Pas de quoi pourtant démotiver les vedettes. « Nous savions que la course automobile était dangereuse et nous étions prêts à mettre notre vie en jeu », confiera l’ancien pilote Stirling Moss. « En revanche, nous ne voulions pas impliquer les autres, que ce soit le personnel de piste ou les spectateurs. »

Ce 11 juin, sous la chaleur du Mans, c’est l’apocalypse. La voiture de Levegh explose au-dessus de la tribune principale et se désintègre littéralement sur les spectateurs. 84 personnes perdent la vie, tandis qu’une centaine de spectateurs sont blessés. Très vite, une rumeur court : Mercedes aurait mis des substances illicites dans l’essence de ses voitures. Elles seraient à l’origine des explosions. Les analyses ne confirmeront toutefois pas l’accusation.

A qui la faute alors ? A Levegh ? Pas vraiment. Ce pilote amateur français n’est certes plus tout jeune – il a 49 ans – mais sa conduite est sûre. Il lui était impossible d’éviter Macklin. La manoeuvre de Hawthorn, en revanche, fait davantage polémique. C’est elle qui est à l’origine des réactions en chaîne. Mais le vrai problème est ailleurs. Les voitures sont devenues de véritables bombes, trop rapides pour un circuit trop ancien. Les mesures de sécurité, elles, sont totalement insuffisantes. Des bottes de foin par-ci, de petits murets par-là. D’un autre temps.

Le plus fou dans l’histoire ? Tandis que l’on compte les morts, la fête… continue ! Autour du circuit, les gens mangent et boivent, ignorant la gravité des faits. Pire : sur le circuit, les bolides poursuivent leur course. Il faut dire que la piste est demeurée libre. Indécent ? Totalement ! Tout comme le sourire qu’affiche Hawthorn sur le podium. Le 12 juin, c’est son équipe qui gagne l’épreuve.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire