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100.000 soldats russes pour un exercice: comme un parfum de Guerre froide

Muriel Lefevre

La Russie se prépare à envoyer 100.000 soldats à la frontière orientale du territoire de l’OTAN. Dès la fin de l’été, les troupes russes devraient être fin prêtes. C’est le plus grand déploiement militaire sous Poutine.

Selon le New York Times, il s’agit d’un acte d’intimidation digne des pires moments de la guerre froide. L’exercice militaire baptisé Zapad (« Occident ») 2017 aura lieu en septembre près de la frontière polono-lituanienne. Plus précisément au Bélarus, au sud de la frontière lituanienne. Ces manoeuvres qui devraient rassembler près de 100.000 militaires.

Cet exercice n’est pas une réaction d’esbroufe face aux derniers soubresauts des relations de plus en plus tendues entre la Russie et les États-Unis. Elle est prévue depuis des mois et entre dans le cadre d’une envie de Poutine qui souhaite étaler la puissance russe à la face du monde.

S’il n’a rien de secret, cet exercice n’en inquiète pas moins les États-Unis qui y voient un risque de déstabiliser la région. Une région militairement stratégique, car si celle-ci se voit effectivement occupée, cela peut isoler les trois membres baltes de l’Alliance atlantique (Estonie, Lettonie et Lituanie). En effet, depuis le Bélarus, seuls les 80 kilomètres de la trouée de Suwalki sur la frontière polono-lituanienne sépareraient alors cette armée de l’enclave russe de Kaliningrad. Toute action russe pour fermer la trouée pourrait aboutir à l’encerclement des pays baltes, tandis que les batteries de missiles stationnées à Kaliningrad pourraient menacer les voies maritimes. Cet étroit bout de terrain à la frontière entre la Pologne et la Lituanie pourrait constituer un talon d’Achille sur le flanc oriental de l’OTAN.

« La principale crainte, est qu’une fois sur place, les troupes resteront là. Et cela n’a rien de paranoïaque », dit le général Tony Thomas, chef des opérations spéciales américaines. Une idée partagée par Vilnius qui craint que le président russe ne profite de l’occasion pour laisser ses militaires sur place et ainsi créer une nouvelle position de force.

Les trois pays baltes ont des relations tendues avec Moscou depuis qu’ils ont gagné l’indépendance et les bruits de bottes venus de l’autre côté de la frontière – d’abord en Géorgie puis en Ukraine – ne font rien pour les rassurer. « La Russie a plus de chars à la frontière avec l’Ukraine que l’Allemagne et le Royaume-Uni n’en comptent réunis », avait déjà affirmé en juin un ministre lituanien. « Le président russe Vladimir Poutine veut tester l’OTAN… et il est probable que la meilleure façon de le faire soit les États baltes », souligne encore le ministre.

À titre préventif, l’armée américaine va donc envoyer le temps de l’opération Zapad près de 600 paras commandos dans ces trois pays baltes. Et garder plus longtemps que prévu un bataillon en Pologne. L’OTAN a elle, depuis juin, stationné 1.000 soldats sous commandement allemand en Lituanie, une unité semblable, mais sous commandement britannique en Estonie et des troupes sous la houlette des Canadiens en Lettonie.

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