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Une seconde jeunesse pour le ‘slime’, décryptage d’un phénomène

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Il est réapparu il y a quelques mois dans les cours de récré et continue à fasciner les jeunes (et moins jeunes) : le « slime » est LE phénomène du moment. Mais pourquoi cette pâte élastique et visqueuse fascine-t-elle autant ? Décryptage.

Dans les cours de récré, une mode en chasse une autre en termes de jouets et de gadgets. A l’été 2014, les bracelets Rainbow Loom faisaient fureur auprès des petites têtes blondes, une folie lancée dès la fin de l’année scolaire dans les écoles. En 2017, c’était les ‘handspinners’, ces toupies tourbillonnantes munies d’un roulement à billes, que tout le monde s’arrachait, même les adultes stressés.

Depuis quelques mois déjà, le ‘slime’ (‘bave’ en anglais, prononcez ‘slaïme’) a (re) refait son apparition et au contraire des bracelets Loom et autre ‘handspinners’, l’engouement semble perdurer. Petits et grands se délectent de malaxer pendant des heures cette pâte non collante aux couleurs variées qui peut aussi contenir, entre autres, des paillettes, effet déstressant garanti. Sur internet, les tutoriels pour en réaliser à la maison pullulent. Sur Instagram, le mot-clé ‘slime’ compte plus de 7 millions de publications.

Petit retour en arrière. On est en 1984 et le film Ghosbusters cartonne au box-office. La bande de ‘SOS Fantômes’ a pour mission de capturer un fantôme du nom de Slimer qui vomit une substance douteuse vert fluo. Le ‘slime’ est donc une référence directe à ce spectre visqueux. La « pâte à prouts » des années 80 était aussi connue sous le nom d’Ectoplasme.

Mais elle a surtout connu son âge d’or dans les années 70: à l’époque déjà, les enfants s’amusaient à triturer une pâte verte fluo à la texture froide, au toucher et à l’odeur désagréable commercialisée par la marque de jouet Mattel. Si on remonte encore plus loin dans le temps, on apprend que cette pratique trouve ses origines au cinéma. En effet, la technique était utilisée par les bruiteurs qui mêlaient de la colle et du tétraborate de sodium pour obtenir une pâte, raconte Le Point.

Pour les adultes, le ‘slime’ revête une autre dimension. Les vidéos de malaxage de la pâte activeraient ainsi chez certaines personnes sensibles des zones du cerveau liées au plaisir. Plus connue sous l’acronyme ASMR (‘Autonomous Sensory Meridian Response’, ou ‘réponse autonome sensorielle méridienne’) cette méthode de relaxation promet des « orgasmes » de cerveau, rien que ça…

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Accros à la nouveauté

Selon Google Trends, le terme de recherche « réaliser son propre slime » est très populaire et cela, depuis environ 1 an et demi. En comparaison, la recherche « fabriquer ses bracelets loom » n’est apparue dans le top des requêtes internet que pendant 6 mois et ‘handspinner’ seulement quelques mois.

« Le ‘slime’ est en effet populaire plus longtemps que de moyenne« , confirme Tom Palmaerts, analyste des tendances du bureau Trendwolves, cité par De Morgen. « Le ‘slime’ est un phénomène de mode qui est apparu assez lentement et qui disparaitra de la même manière, très lentement ».

Que le succès du ‘slime’ soit apparu si progressivement est aussi dû au fait que les enfants ont commencé à le fabriquer eux-mêmes, explique Tom Palmaerts. « Peu de marques vendent du ‘slime’, du coup, les enfants ne sont pas bombardés avec de la publicité et n’en deviennent pas rapidement lassés. »

Un engouement très progressif donc. « Quand un produit perce lentement, et selon un besoin sincère du public, il a le temps de se nicher dans nos habitudes et nos intérêts. » Il ajoute : « Les handspinners ont très vite percé, mais n’ont pas eu assez de temps pour faire partie de notre quotidien, au contraire du ‘slime' ».

Herman Konings, psychologue de la consommation, renchérit de son côté dans les colonnes du quotidien flamand: « Les enfants sont de plus en plus intéressés par les sciences et la technologie. En plus, le ‘slime’ leur procure la satisfaction de réaliser quelque chose ».

Car ce qui est surtout innovant aujourd’hui dans la résurgence de ce phénomène, c’est le fait de pouvoir réaliser son propre ‘slime’ à la maison, en travaillant sa texture, de ‘fluffy’ (duveteux) à ‘crunchy’ (croustillant), et en lui donnant des couleurs variées ou même en y incorporant des paillettes, petites étoiles, des micro-billes…

Mais cette mode, comme les autres avant elle, arrivera aussi à bout de souffle. Les vidéos de tuto finiront pas être visionnés jusqu’à plus soif. Herman Konings: « Les enfants ont aujourd’hui une offre pléthorique de divertissement à leur disposition. Ils peuvent visionner des dizaines et des dizaines de programmes de télévision, jouer à des centaines de jeux et ont d’innombrables vidéos YouTube sous le nez. Résultat : ils sont accros à la nouveauté. »

Dangereux pour la santé?

Si l’envie vous titille de réaliser du ‘slime’ chez vous, les tutoriels sur YouTube, certains dégoulinant de kitsch, sont nombreux, la recherche donne plus de 20 millions de résultats. Le phénomène séduit des YouTubeurs célèbres aux millions de followers déjà acquis comme de jeunes spécialistes inconnus à la notoriété grandissante.

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Mais les néo-chimistes oublient souvent de préciser que réaliser ce genre de mélange de produits n’est pas sans risque. La poudre de borax, un puissant détergent entre dans la composition du ‘slime’, peut en effet provoquer de graves brûlures. Des accidents domestiques ont déjà été recensés en Grande-Bretagne et aux USA. Mieux vaut donc essayer une recette sans borax qui peut être remplacé par de la mousse à raser.

La « meilleure » recette semble être au centre de vives discussions. Pour l’heure, comme l’explique De Morgen, la formule la plus réussie semble être un mélange de mousse à raser, de colle, de gouttes pour lentilles de contact (qui contiennent le fameux borax), dans des quantités qui varient en fonction de la quantité et de la densité souhaitée de la pâte. Jusqu’à obtenir une texture compacte et aérienne, gluante mais pas trop.

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