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Un Indien invente la serviette hygiénique « low cost »

Une véritable révolution hygiénique a lieu en Inde, grâce à l’invention d’une serviette périodique à bas coût pour des centaines de milliers de femmes.

Le déclic pour Arunachalam Muruganantham a été d’entendre sa femme lui dire que si elle achetait des serviettes périodiques elle n’aurait plus de quoi acheter du lait. C’était donc pour cela qu’il la voyait récupérer des morceaux de tissu dont il ne savait pas ce qu’elle faisait. Ainsi a-t-il eu l’idée d’essayer d’inventer une serviette à bas coût, que des centaines de milliers de femmes en Inde pourront désormais acheter.

Originaire du Tamil Nadu, l’homme, aujourd’hui âgé de 49 ans et n’ayant pas terminé sa scolarité, a réussi à mettre son idée de produit au point après 14 années et bien des péripéties, comme une mise au ban par la communauté de son village et un départ (temporaire) de sa femme qui a un temps cru qu’il était devenu fou.

Les serviettes qu’il a inventées sont produites de manière très simple par des femmes en zones rurales à travers toute l’Inde. Désormais surnommé le « Roi du Tampon », sa trouvaille est une vraie révolution pour l’hygiène féminine du sous-continent et il est en pourparlers avec un certain nombre de pays pour y diffuser son produit : le Népal, le Pakistan, le Bangladesh mais aussi le Rwanda, le Nigeria et l’Afrique du Sud ont manifesté leur intérêt.

Traditionnellement, les Indiennes recyclaient des morceaux de saris en coton, mais l’arrivée des matières synthétiques a commencé à poser problème puisqu’elles ne pouvaient être réutilisées. Selon une étude publiée par le Times of India, plus des deux tiers des Indiennes n’ont pas accès aux serviettes commercialisées et sont sujettes à une gêne, voire à des infections. Certaines femmes utilisent même du sable ou de la boue. Autre conséquence négative, l’étude estime à 23 % le nombre des filles de 12 à 18 ans qui cessent leur scolarité, faute de produits adaptés.

Ayant été jusqu’à essayer lui-même ses serviettes pour les tester, Arunachalam Muruganantham a découvert le secret de sa recherche en contactant un fabricant américain et en se faisant passer pour un investisseur : il fallait utiliser de la fibre végétale pour la transformer en cellulose.

Avec une machine très simple et peu onéreuse, qu’il a fait breveter, il peut fabriquer 120 serviettes par heure et les vendre au tiers du prix des produits disponibles dans les grandes surfaces. Non seulement cette invention marque une véritable avancée pour les femmes défavorisées, mais elle permet également d’offrir du travail à certaines d’entre elles.


Le couronnement de ses efforts et de sa persévérance a été la remise d’un prix de l’innovation par la présidente indienne Pratibha Patil.


Alexandre Huillet

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