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Pas drôles, ces Français !

Selon un sondage publié par BVA-Gallup, 2011 ne s’annonce pas très enjoué aux yeux des Français. Ils semblent carrément avoir rayé le mot « prospérité » de leur vocabulaire. Peureux, « enfants gâtés » ou juste réalistes ?

Sans doute est-il préférable de s’attendre au pire pour être agréablement surpris. En tous cas, les Français ne jouent pas la carte de l’optimisme pour les perspectives 2011. Comme quoi, il ne suffit pas de vivre dans l’un des pays les plus riches du monde pour avoir la patate ! Les Français sont 61% à anticiper des difficultés économiques en 2011. Ils surpassent même les Afghans, les Pakistanais ou les Irakiens. Champions du monde en pessimisme, ça ne s’invente pas !

La peur du déclassement

Cette sinistrose aigüe proviendrait d’une angoisse face à l’avenir et une crainte du déclassement. « Il y a une morosité, un vrai phénomène de dépression clinique », juge ainsi le politologue Dominique Moïsi, expert à l’Institut français de relations internationales (IFRI). Selon lui, derrière cette dépression générale, il ya tout de même une réalité : « Les Français ont très peur, ils ont le sentiment que le présent est moins bien que le passé, que le futur sera pire que le présent, que leurs enfants ont une vie beaucoup plus difficile que la leur », dit-il.

La cause majeure de cette dépression nationale serait le manque de confiance en l’Etat-providence, qui n’est plus perçu comme protecteur face à la crise. « Les Français se comportent face à leur Etat comme des adolescents face à leurs parents, avec la révolte d’un côté et la volonté de protection toujours plus grande de l’autre », analyse encore Dominique Moïsi.

La montée du chômage et le contexte social tendu ont accentué le pessimisme des Français, grands consommateurs d’antidépresseurs depuis toujours. La forte mobilisation à l’automne dernier contre la réforme des retraites illustre bien cette tension accrue. « On sent que les gens sont usés psychiquement, ils sont énervés, stressés, inquiets », constate le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye (UMP, droite au pouvoir), chargé de défendre les citoyens contre les abus et les injustices. Pour lui, le pessimisme touche surtout les classes moyennes, qui côtoient de plus en plus la précarité de l’emploi et redoutent le déclassement.

Mais où sont passés les Français, les bon-vivants, les épicuriens ? Ils s’inquiètent de l’après-crise, de la difficulté du pays à rebondir dans une Europe qui n’est plus vue comme porteuse d’espoir.


Le Vif.be, avec Belga

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