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Le James Bond soviétique est-il l’idole de Poutine ?

Muriel Lefevre

Max Otto von Stierlitz, Stierlitz de son petit nom, est un personnage de fiction. Ou plus précisément c’est le pendant soviétique de James Bond. C’est même lui qui aurait donné envie à Poutine de s’engager au KGB.

Stierlitz est né de la plume de Yulian Semyonov dans les années 1960. Il sera, comme son ultra célèbre confrère britannique, adapté dans un premier temps pour la télévision avant de squatter 10 ans plus tard les grands écrans sous les traits de Viatcheslav Tikhonov.

Un succès qui ne va pas vraiment traverser le rideau de fer puisque son nom n’évoque rien en occident. Il n’en va pas de même en Russie. Intitulée « 17 moments du printemps », la série va rassembler, lors de sa première diffusion en 1973, entre 50 et 80 millions de personnes devant le poste, dit la BBC.

Voici, pour le plaisir, le premier des 12 épisodes avec sous-titre en français:

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La série sera ensuite diffusée chaque année aux alentours du 9 mai, la date qui célèbre la fin de la Deuxième guerre mondiale en Russie. Un peu comme Sissi qui squatte nos écrans autour de Noël, en somme.

Sauf que contrairement aux péripéties fleur bleue de l’impératrice, la série russe n’avait pas que le divertissement pour but. Elle était également une campagne de recrutement à peine voilée pour le KGB. Les aventures de Stierlitz mettaient en avant le rôle important des espions et réveillaient le sentiment patriotique dans la génération d’après-guerre. Ce n’est donc pas un hasard que celle-ci ait été réalisée sous l’oeil de Moscou, ou plutôt de Yuri Andropov. Il était à cette époque le chef du KGB avant de prendre les rênes du pays. C’est d’ailleurs avec son aval que la série sera diffusée.

La version soviétique de James Bond était néanmoins un espion d’un autre genre. Il ne se perdait ni en femmes, ni en gadget. Il était entièrement dédié à sa mission. Soit infiltrer, dans le Berlin en guerre, le haut commandement nazi. Pas le temps pour la bagatelle donc. Tout au plus le voit-on fumer, boire du café et regarder d’un air pensif par la fenêtre. La plupart du temps en solitaire.

Ce personnage fort, inscrit dans la durée, va marquer une génération entière. Une génération dont fait partie Vladimir Poutine. Ce serait même les aventures de Stierlitz qui l’auraient poussé à s’engager au KGB. Il y entre en 1975 et y restera jusqu’en 1990. Poutine n’a jamais ouvertement avoué que son engagement au KGB était lié à Stierlitz. Ce qui n’empêche pas la BBC de faire quelques parallèles. Par exemple, le président russe avait 21 ans lors de la première diffusion. Il rejoint le KGB deux ans plus tard et, comme le héros, il a été en poste en Allemagne.

Dans le chaos de la fin des années 90, de plus en plus de Russes aspirent, tout comme Poutine, à davantage d’ordre quitte à ce que le pouvoir soit dirigé par une main de fer. Au point qu’en 1999, lorsqu’un sondage demande quel est le personnage de fiction que les Russes aimeraient avoir comme président, c’est Stierlitz qui arrive en deuxième position. Soit un espion russe, blanc et qui ne boit pas. Et le journal de titrer : Stierlitz « President-2000 ».

Et qui a été élu officiellement en tant que président de la Russie en mars 2000? Personne d’autre que Poutine.

Poutine qui s'ébroue en 2007
Poutine qui s’ébroue en 2007© Reuters

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