Ils survivent dix jours en mer en mangeant du poisson cru

Le Vif

Ne proposez pas de sushis à Tommy Lam Wai Yin. Ce citoyen de Hong Kong vient de survivre avec deux touristes espagnols et une stagiaire malaisienne, à dix jours de dérive en mer en mangeant du poisson cru.

Le 2 mai dernier, Lam, propriétaire d’un petit complexe hôtelier, et sa stagiaire Armilla Alihassan, ont emmené les Espagnols David Hernandes Gasulla et Martha Miquel pour une tournée vers les îles et récifs coralliens aux larges de l’Etat malaisien de Sabah, situé sur l’île de Bornéo, raconte-t-il lundi à l’AFP.

Mais des vagues aussi puissantes que soudaines ont renversé leurs bateaux motorisés. Les naufragés ont perdu du même coup leur réserve d’eau potable et leurs torches. Sans nourriture et privés de téléphones portables opérationnels, ils s’accrochent à la vie dans un scénario rappelant le film hollywoodien « Seul au monde » avec Tom Hanks.

Les naufragés parviennent à redresser leurs embarcations et survivent en se nourrissant d’excodets crus – ces poissons volants des tropiques – qui atterrissent dans leur bateau, raconte Lam, âgé de 44 ans, joint au téléphone depuis Kota Kinabalu, la capitale de l’Etat malaisien de Sabah.

« Cela va prendre du temps avant que je mange à nouveaux des sashimis », ironise-t-il aujourd’hui en référence au poisson cru de la cuisine japonaise. « Ce n’était vraiment pas bon, mais à la fois j’ai apprécié car j’avais trop faim ».

Pour l’eau, les naufragés ont léché les gouttes condensées à l’extérieur d’un sac d’eau de mer abandonné au soleil, un truc tiré d’un film que Martha avait déjà vu, raconte encore Lam.

Les gardes-côtes et la marine malaisiens ont lancé une opération de recherche mais ils ont cherché plus au nord, près des îles Spratleys — au coeur d’un conflit entre Pékin et ses voisins en Mer de Chine méridionale — alors que les aventuriers dérivaient vers les côtes de Bornéo, selon Lam.

Les premiers jours sur l’embarcation à la dérive étaient tendus, les naufragés blâmant « dieu et tout ce qui se situe sous le soleil et la lune » pour leur mésaventure, raconte Lam, le seul des rescapés que l’AFP a pu contacter.

Ces tensions ont ensuite cédé le pas à des discussions philosophiques sur la mort et la finitude de la vie humaine.

Après dix jours de dérive, ils ont été secourus par un chalutier vietnamien qui s’était aventuré illégalement dans les eaux malaisiennes, puis remis vendredi aux autorités locales.

Et ce n’est qu’au terme de leur odyssée qu’Armilla, la stagiaire, a retrouvé son portable en état de marche, qu’elle avait sagement disposé dans un sachet plastique avant le début de l’expédition. Une découverte qui aurait pu couper court à leur malheur en mer. « Nous ne lui en voulons pas. Elle était tellement sous le choc », assure Lam.

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