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Il assiste à son propre enterrement, les yeux ouverts

Le Vif

A Puerto Rico, la famille d’un défunt a demandé à ce qu’il ne soit pas exposé couché dans un cercueil traditionnel, mais assis sur une chaise, les yeux grands ouverts. Ce n’est pas le premier cas du genre. Va-t-on vers une banalisation de la mort ?

Lors de son enterrement, le Portoricain Fernando de Jesus Diaz Beato ne reposait pas dans son cercueil, mais sa famille avait demandé aux services des pompes funèbres de pouvoir l’exposer assis sur une chaise, jambes croisées, une cigarette à la main, les yeux grands ouverts comme s’il assistait à son propre service funéraire. La famille désirait de la sorte le montrer comme il était dans la vie, « joyeux et très actif ». Détail piquant: le jeune Portoricain a été assassiné quelques jours auparavant de 15 balles tirées à bout portant.

Ce n’est pas la première fois que des thanatopracteurs (les personnes qui embaument les morts) doivent répondre à ce genre de demandes plutôt insolites. En 2012, le musicien de jazz Lionel Batiste ne voulait pas que les personnes se penchent sur lui lors de son enterrement. Il se tenait donc droit, contre un lampadaire et appuyé sur sa canne. David Morales, un fan de moto, a, de son côté, été embaumé et placé sur sa Honda, comme pour une dernière chevauchée. Henri Rosario Martinez, un autre jeune Portoricain victime d’un règlement de compte, a lui participé à une dernière partie de poker en compagnie d’une dizaine d’amis. On pouvait voir le défunt attablé vêtu de ses vêtements favoris et avec une paire d’As en main.

Une négation de la mort ?

Sur la page Facebook d’un site d’actualité funéraire, les commentaires vont bon train. Certains trouvent la démarche osée et respectueuse des derniers souhaits du défunt et de ses proches : « Le défunt appartient à la famille et le souhait de la présentation a été respecté. Voilà le plus important« , déclare un internaute. Pour un autre, le procédé est douteux et s’apparente à une démarche « qui exclut le travail de deuil » : « Je ne sais pas si on voit ici une négation de la mort ou une célébration du défunt…Moi ça me fait flipper, plus que de voir quelqu’un dans le cercueil ! J’aurai été choquée de voir mes proches décédés présentés de cette façon-là ». Ajoutant : « Ici, il me semble qu’on veut retrouver les mort tel qu’il était de son vivant, comme si il allait se mettre à bouger, se lever de sa chaise« . Alors que pour d’autres internautes, la pratique permettrait d’avoir une dernière image plus positive de la personne décédée, « cette dernière image qui nous marque le plus…« .

Si cette pratique mortuaire est possible à Puerto Rico ou encore, aux États-Unis, toutes les « fantaisies » ne sont pas permises en Europe où les rites funéraires doivent répondre à des règles strictes d’hygiène et à un protocole bien précis pour la mise en bière. La thanatopraxie – ou l’embaumement des corps – reste interdite dans la majorité des pays européens, c’est notamment le cas aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg et dans les pays scandinaves. L’utilisation du froid y est préférée pour conserver le corps. L’embaumement des morts peut être autorisé dans des cas précis comme un rapatriement ou lorsque le corps doit être conservé plus longtemps que d’habitude. Au Royaume-Uni et en France, la pratique s’est cependant récemment développée. Selon un rapport du Défenseur des droits de 2012, la thanatopraxie serait pratiquée sur 40 % à 50 % des défunts français.

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