© Capture d'écran Euronews.

Espagne : une pétition en faveur de la restauration ratée

L’initiative d’une octogénaire qui a défiguré un portrait du Christ en voulant le restaurer sans autorisation, dans une église de Borja, dans le nord-est de l’Espagne, a reçu jeudi un soutien inattendu, avec le lancement d’une pétition pour garder le tableau tel qu’il est.

Cecilia Gimenez avait provoqué la consternation des protecteurs du patrimoine et l’hilarité chez les internautes du monde entier par son travail très personnel, que certains ont ironiquement comparé à Picasso.

La chevelure aux allures de pelage de singe, la bouche effacée et le nez maladroitement stylisé nés sous son pinceau n’ont plus rien à voir avec l’original : un « Ecce Homo » aux traits fins coiffé d’une couronne d’épines peint par un artiste local, Elias Garcia Martinez. L’oeuvre, réalisée dans les années 1910 et détruite il y a un mois, n’était pas classée.

Sur internet, le travail de « restauration » de l’octogénaire a inspiré des milliers de commentaires et de nombreuses versions détournées, montrant par exemple les visages du roi Juan Carlos ou du chef du gouvernement Mariano Rajoy sous la chevelure ébouriffée de la nouvelle version.

Contre toute attente, jeudi, plus de 5.000 personnes avaient signé une pétition contre le projet de la ville de restaurer la peinture dans sa version d’origine.

L’intervention de l’artiste en herbe « est un reflet intelligent de la situation politique et sociale de notre temps », assure le texte, mis en ligne sur le site www.change.org, y voyant « une critique subtile des théories créationnistes de l’Eglise » et comparant son style aux oeuvres de Goya, Munch ou Modigliani.

La vieille dame a elle assuré à la télévision publique espagnole que « le prêtre savait » ce qu’elle faisait et que « tout le monde qui venait (dans l’église) me voyait peindre ».

Elle a dit être une artiste accomplie, ayant déjà « vendu 40 cadres » lors d’une exposition.

La petite-fille de l’auteur de la peinture originale, Teresa Garcia, a reconnu à la télévision que Cecilia Gimenez était déjà intervenue sur l’oeuvre, mais « jusqu’à présent la seule chose qu’elle avait touchée, c’était la tunique du Christ ».

« Le problème maintenant c’est qu’elle s’est occupée de la tête et évidemment, elle a détruit la peinture », a-t-elle regretté.

Le Vif.be, avec Belga

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