John F. Kennedy et Jacqueline Kennedy © Time & Life Pictures/Getty Im

Assassinat Kennedy : les cachotteries de la CIA

Muriel Lefevre

Un rapport de la CIA qui date de 2013 détaille ce que l’agence n’a pas voulu dire en 1963 lorsque la commission Warren enquête sur l’assassinat de Kennedy. Intrigant.

Disponible en ligne sur le site de The George Washington University’s National Security Archive, le rapport de la CIA dévoile sous un jour nouveau la gestion de l’affaire par l’Agence et surtout les relations pas vraiment sincères qu’elle entretenait avec la commission Warren, chargée d’enquêter sur l’assassinat de Kennedy.

À la lecture des lignes du rapport, il semble que la CIA a bel et bien « couvert » le meurtre de l’ancien président des États-Unis en cachant certaines informations qu’elle avait en sa possession. Rien qui aurait pu changer la donne, mais tout de même. Le directeur de l’époque, John McCone, a notamment omis de parler des opérations américaines pour abattre Fidel Castro et dont certaines faisaient appel à la mafia. En gros, comme le précise le rapport, il ne voulait pas alimenter les différentes théories du complot impliquant la CIA et « si la commission ne posait pas de question au sujet d’opérations secrètes à Cuba, McCone n’allait pas leur dire où regarder. »

En omettant de mettre en lumière ces complots, la CIA a probablement encouragé la commission à ne voir dans Oswald qu’un loup solitaire. McCone, qui est mort en 1991, était au coeur d’une opération de couverture bénigne qui visait à garder la commission concentrée sur ce qui était à l’époque considérée comme la meilleure vérité. Soit que Lee Harvey Oswald, pour des raisons encore indéterminées, a agi seul lorsqu’il a assassiné Kennedy. Qu’importe si certaines théories avancent justement que Oswald aurait pu être l’instrument de vengeance de Cuba.

Lorsqu’en 1970, les complots contre Castro sont divulgués par une enquête du Congrès, les membres de la commission Warren s’indignent et précisent qu’ils auraient été beaucoup plus insistants dans leurs recherches s’ils avaient su cela. McCone rétorquera qu’à l’époque, il ne connaissait pas l’existence d’un tel complot. Le rapport de 2013 affirme donc que c’était un mensonge ou en tout cas que « cela manque de franchise et de précision » puisque McCone a été informé de l’existence de ces complots près de neuf mois avant son témoignage devant la commission Warren. Il a aussi eu des contacts réguliers, dans les jours qui suivent l’assassinat, avec Robert Kennedy qui supervisait l’administration de guerre secrète contre Castro. Celui-ci a toujours craint que ce soit cela qui fut à l’origine de la mort de son frère.

Le rapport de 2013 suggère aussi que la CIA est responsable de quelques-unes des plus sévères critiques envers la commission Warren. On lui a en effet souvent reproché de ne pas avoir pu déterminer les motifs derrière l’assassinat et d’éventuels complices. Les conclusions de cette commission n’ont d’ailleurs jamais totalement convaincu les Américains. Et le rapport d’admettre que les omissions de la CIA ont, plus que le reste, participé à la ruine de la crédibilité de cette même commission.

Celui-ci met également en lumière d’autres omissions de la CIA, comme le fait que l’Agence pourrait avoir été en contact avec Oswald avant 1963 et que celle-ci avait surveillé son courrier dans une opération globalisée d’ouverture de courrier intitulée HTLINGUAL, une opération éminemment illégale qui aurait pu provoquer de nombreux remous si celle-ci avait été divulguée précise le site Politico .

Enfin, il y a 15 endroits dans la version publique du rapport qui ont été supprimés par la CIA, car ces passages contenaient des informations sensibles (des noms ou des phrases entières). Ce qui pourrait faire croire qu’il existe encore quelques secrets autour de cet assassinat dans les archives de l’agence.

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