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80 ans après, la mort d’Albert I alimente encore les rumeurs

Muriel Lefevre

Il y a tout juste 80 ans, le troisième roi des Belges se tuait à Marche-les-Dames lors d’un tragique accident d’escalade. Les circonstances autour de cette funeste chute auront alimenté sans relâche la machine à rumeur sans qu’aucune preuve officielle ne vienne pourtant les étayer. Passage en revue.

En ce samedi 17 février 1934, Roi Albert Ier demande à Théophile Van Dycke, son valet de chambre, de l’attendre dans la voiture le temps qu’il grimpe la ‘Roche du Bon Dieu’. Il entame sa montée vers 15h30 et devait être de retour une heure plus tard. Sauf qu’il ne reviendra jamais. Sa dépouille sera retrouvée à 2 heures du matin en bas des falaises avec le crâne brisé. La thèse officielle stipule que, suite au décollement d’un rocher, le roi a fait une chute de 12 mètres qui l’aura tué sur le coup.

Deux jours plus tard, le gouvernement promulgue une interdiction de propager les rumeurs. Ce qui ne fera bien entendu que les encourager. Aujourd’hui la version officielle est celle d’un accident et rien n’est encore jamais officiellement venu prouver le contraire. Cela n’empêchera pas, en ces temps troubles du milieu des années 30, les théories de complot d’aller bon train. Pourquoi le corps a-t-il été retrouvé si loin du pied des falaises ? Pourquoi ses lunettes ont-elles été retrouvées intactes ? Et surtout pourquoi n’a-t-on pas fait d’autopsie ? Autant de questions qui vont attiser les rumeurs et dont voici un petit topo non exhaustif réalisé par De Morgen.

Un meurtre français : Paris aurait mandaté un meurtrier pour assassiner le roi, car il ne voyait pas d’un bon oeil sa stricte neutralité internationale. Une théorie pour le moins tirée par les cheveux, surtout en sachant que le roi Léopold se révélera un défenseur encore plus ardu de cette même neutralité.

Un meurtre allemand : Les Allemands l’auraient tué pour éviter d’être à nouveau confrontés au symbole du roi chevalier. C’est donc une variante de la théorie précédente, mais qui semble encore plus farfelue puisqu’Hitler venait d’arriver au pouvoir et avait bien assez à faire dans son propre pays.

Un meurtre passionnel : Malgré une version quelque peu romanisée du couple qu’il formait avec la reine Élisabeth lors de la Première Guerre mondiale, il serait de notoriété publique que les époux vivaient en réalité une vie indépendante. Ce qui fit bruisser les rumeurs autour d’un éventuel acte vengeur d’un amant de la reine, d’un mari cocu ou encore d’anciennes maitresses éconduites et même jusqu’à la reine elle-même. Une rumeur de l’époque évoque le fait que la reine aurait tiré sur le roi à Laeken. Sa dépouille aurait ensuite été balancée des falaises de Marche-les-Dames. Ici aussi, rien n’est jamais venu étayer sérieusement le moindre début de piste.

Un meurtre politique : on aurait assassiné le roi en raison de son soutien au suffrage universel. Des positions plus libérales qui n’auraient pas plus à l’extrême droite qui aurait alors cherché à l’éliminer au profit du prince Léopold réputé plus autoritaire. Là aussi cela a tout de la fumisterie puisque l’orientation politique du futur roi Léopold III n’était pas encore connue à l’époque. Rendant de facto nul et non avenu une telle théorie.

Le suicide: le moral du roi aurait été en berne les semaines précédant sa mort. Il aurait aussi dû faire face à des problèmes financiers suite au krach boursier de 1929 et aux dettes contractées par le roi Léopold II lors de sa conquête du Congo. Le fait que le roi aurait contracté une importante assurance vie quelque temps auparavant n’a fait qu’alimenter davantage cette théorie. Aucune lettre d’adieu n’a jamais été retrouvée.

De toutes les théories de complot, la plus surprenante est sans aucun doute celle du vol des Juges intègres en 1934, le panneau inférieur gauche de L’Adoration de l’Agneau mystique des frères Van Eyck, aussi appelé Autel de Gand. Le tableau recèlerait en son sein un secret plusieur fois centenaire. Des éléments du tableau rappellent la scène de l’accident puisqu’on y voit les rochers de Marche-les-Dames. Pour préserver le secret du tableau, on aurait fait disparaître le tableau et assassiner le roi. Certains prétendent même que le tableau disparu serait caché dans la tombe du roi dans la crypte royale.

Devant tant de rumeurs et de théories, il est bon – et même indispensable – de rester plus que sceptique puisqu’aucune preuve n’est venue étayer la moindre de ses théories. Et ça c’est la seule certitude.


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