John Bercow, speaker de la Chambre des Communes. © REUTERS

Qui est John Bercow, le charismatique speaker du Parlement britannique? (vidéos)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

John Bercow a exclu que l’accord de Brexit soit de nouveau présenté au Parlement sans modification. S’il joue un rôle important, notamment dans le feuilleton du Brexit, c’est souvent l’homme en lui-même qui est sur le devant de la scène avec ses fameux « Ordeeer! ». Portrait.

Né le 19 janvier 1963, John Bercow a grandi dans le nord de Londres. Son père était chauffeur de taxi. Il commence à s’engager en politique à l’université puis devient conseiller municipal du quartier londonien de Lambeth à 23 ans. En 1997, il est élu député pour la première fois, dans la circonscription de Buckingham, dans le nord-ouest de la capitale.

Un rôle plus décisif que ses prédécesseurs

Du haut de son 1m68, le conservateur issu d’un milieu modeste a été une épine dans le pied des gouvernements tory successifs. David Cameron, le prédécesseur de Theresa May, avait même tenté de l’évincer, en vain.

Avec sa robe de soie noire et ses cravates criardes, il lui revient le privilège de diriger les débats, à coup de rappels à l’ordre (« Order ! ») tonitruants et de répliques truculentes. Surtout, son interprétation personnelle – et libérale – de ses attributions lui confère un rôle plus décisif que celui de ses prédécesseurs. Avant de susciter des critiques pour sa gestion des échanges sur le Brexit, il s’était attiré des reproches des bancs conservateurs pour s’être positionné l’an dernier contre une prise de parole de Donald Trump au parlement lors de la visite du président américain au Royaume-Uni en 2018.

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Le plus jeune speaker

En 2009, il accède à la présidence de la Chambre des communes sous un gouvernement travailliste, en promettant de rompre avec les pratiques de son prédécesseur, impliqué dans un scandale de notes de frais et contraint de démissionner. Arrivés au pouvoir en 2010, les conservateurs l’y maintiennent. Plus jeune titulaire de cette prestigieuse fonction, à 46 ans, John Bercow s’est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle comme la perruque. En juin 2017, il permet aux députés de siéger sans cravate.

Peu de temps après son arrivée sur le fauteuil vert du Speaker, placé entre les bancs de la majorité et de l’opposition qui se font face, il provoquait cependant une polémique en réclamant des milliers de livres pour rénover son appartement de fonction au parlement pour y accueillir ses trois enfants.

« Ma femme ne m’appartient pas, c’est seulement ma femme »

Son épouse, Sally Bercow, a elle aussi fait les gros titres de la presse, pour des raisons souvent éloignées de la politique: elle a notamment posé seulement vêtue d’un drap blanc pour un magazine, participé à un programme de télé-réalité, et entretenu une relation extra-conjugale avec le cousin de son mari. Surtout, elle s’est présentée en 2010 à une élection locale sous l’étiquette du Parti travailliste, principal adversaire politique de la formation d’origine de son mari. Ce dernier avait néanmoins pris sa défense, expliquant: « Ma femme ne m’appartient pas, c’est seulement ma femme ».

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Censé prendre sa retraite de Speaker à l’été 2019, il pourrait s’accrocher à son poste face aux rumeurs selon lesquelles les Conservateurs veulent l’empêcher d’intégrer la Chambre des Lords, comme le veut la tradition.

Un rôle clé, parfois controversé, notamment sur le Brexit

En tant que Président de la Chambre des communes, John Bercow a exclu lundi que l’accord de Brexit soit de nouveau présenté au Parlement sans modification. Avec cette annonce fracassante, Bercow a pris de court l’exécutif. Mais il n’en a cure, habitué qu’il est à façonner le cours des débats sur le Brexit, au risque d’irriter un camp ou bien l’autre. Conscient que ses choix sont toujours scrutés avec une extrême attention, John Bercow a longuement justifié lundi sa décision de refuser un nouveau vote sur l’accord de Brexit. Le « speaker », dont la fonction impose de rester neutre, doit en effet échapper autant que possible aux accusations de partialité.

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Début janvier, contre l’usage, John Bercow avait décidé de soumettre au vote un amendement au projet de Brexit du gouvernement. Son initiative, qui réduisait les marges de manoeuvre du gouvernement au bénéfice des parlementaires, avait été jugée favorable au camp pro-UE par le camp eurosceptique. « L’arbitre de nos affaires n’est plus neutre », avait jugé le député conservateur pro-Brexit Crispin Blunt. « Si nous n’étions guidés que par des précédents, rien ne changerait jamais dans nos procédures », avait rétorqué John Bercow.

Avec AFP

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