Theresa May © Reuters

Quels scénarios après le vote de défiance contre Theresa May?

Le Vif

Le vote de défiance organisé mercredi soir par des députés conservateurs contre la Première ministre Theresa May risque de lui faire perdre le pouvoir, même si elle a annoncé qu’elle se battrait « de toutes ses forces ». Que deviendrait dans ce cas le Brexit? Voici les prochaines étapes et scénarios possibles.

Theresa May perd le vote de défiance :

– Un nouveau leader

Les députés conservateurs décident mercredi du sort de la Première ministre à bulletin secret lors d’un vote entre 18H00 et 20H00 GMT. Si elle perd, la course à sa succession pourra commencer, et l’accord de retrait de l’UE qu’elle a conclu sera mort. Il se heurtait dans tous les cas à l’hostilité du Parlement.

Parmi les prétendants figurent bon nombre de partisans du Brexit farouchement opposés à l’accord qu’elle a conclu avec Bruxelles, estimant qu’il maintient un lien de vassalité entre l’UE et le Royaume-uni et l’empêche de conclure librement des accords commerciaux.

Le nouveau leader désigné par le Parti conservateur peut soit décider de renégocier avec l’UE un texte différent -une perspective toutefois rejetée par Bruxelles– soit retirer le texte et provoquer une sortie de l’UE sans accord le 29 mars 2019.

– Pas d’accord avec l’UE

Les relations économiques entre le Royaume-Uni et l’UE seraient alors régies par les règles de l’Organisation mondiale du commerce et une multitude de contrôles douaniers et réglementaires devraient être mis en place en urgence.

Theresa May a souligné lundi que son gouvernement « accélérait les préparatifs » en vue de cette hypothèse, redoutée tout particulièrement des milieux économiques. Cela entraînerait une nouvelle chute de la livre, qui a déjà accusé le coup lundi, et plongerait les entreprises dans l’incertitude.

Quels scénarios après le vote de défiance contre Theresa May?
© Reuters

Pénuries de médicaments, embouteillages monstres aux abords des ports, avions cloués au sol, perte de croissance… Le gouvernement de Theresa May a préparé toute une série de scénarios catastrophes pour faire face à cette éventualité.

Theresa May gagne le vote:

– Vote au Parlement

La Première ministre achève ses discussions avec les Européens pour tenter d’obtenir des garanties supplémentaires et présente le texte de retrait de l’UE au Parlement. Elle avait une première fois repoussé le vote prévu mardi car assurée de le perdre. Il se déroulerait avant le 21 janvier.

Si le texte est voté, une sortie ordonnée de l’UE s’ensuit. S’il est rejeté, le gouvernement aura 21 jours pour indiquer ce qu’il compte faire.

D’autres scénarios d’accord, tel celui sur le modèle de la Norvège, qui dispose d’un accès au marché unique sans être membre de l’UE, sont évoqués comme susceptibles d’obtenir le soutien d’une majorité de députés. Mais cela signifierait dans tous les cas une nouvelle discussion avec Bruxelles.

– Elections

Le rejet de l’accord pourrait signer pour de bon la fin de Theresa May, voire l’acculer à la démission s’il est adopté à une écrasante majorité.

Une motion de censure contre le gouvernement pourrait être soumise au vote du Parlement par l’opposition travailliste et aboutir, étant donnée la faiblesse de la majorité d’une dizaine de voix sur laquelle s’appuie Theresa May. Elle conduirait alors à la formation d’un nouveau gouvernement dans les deux semaines, ou à l’organisation de nouvelles législatives, ce que souhaite le Labour, principal parti d’opposition.

Jeremy Corbyn
Jeremy Corbyn© Reuters

Une arrivée au pouvoir de Jeremy Corbyn, le leader travailliste résolument ancré à gauche, est la perspective qu’agite Theresa May pour convaincre les députés de son camp de se ranger derrière elle.

– Pas de Brexit

La Première ministre a toujours fermement rejeté la perspective d’un second référendum, souhaitée par bon nombre d’europhiles dans l’espoir qu’il inverse le résultat de la consultation du 23 juin 2016, qui avait adopté le Brexit avec 52% des voix.

Le Labour a prévenu qu’au cas où de nouvelles élections ne seraient pas à l’agenda, il pourrait se positionner en faveur de l’organisation d’un tel scrutin, une hypothèse qui pourrait alors disposer du soutien d’une majorité hétéroclite à la Chambre des Communes.

La mise en oeuvre d’un nouveau vote prendrait toutefois des mois et repousserait la date du divorce. Enfin rien ne dit qu’une telle consultation donnerait un résultat différent, les sondages n’enregistrant qu’une légère avance pour le vote europhile.

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