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Le choc et la colère en Italie après l’effondrement meurtrier d’un pont à Gênes

Le Vif

L’Italie était sous le choc mardi après l’effondrement d’un viaduc autoroutier très fréquenté et connu pour ses problèmes récurrents à Gênes (nord), qui a précipité des dizaines de personnes dans le vide d’une hauteur de 45 mètres.

« Malheureusement, il y a une trentaine de morts confirmés et beaucoup de blessés graves », a déclaré depuis la Sicile le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, promettant que les responsables allaient « payer, payer tout et payer cher ».

Arrivé sur place en début de soirée, le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a parlé d’un bilan très provisoire de 22 morts et 16 blessés, dont neuf graves.

« C’est une catastrophe qui a frappé Gênes et toute l’Italie. Un drame effrayant et absurde s’est abattu sur des personnes et des familles », a commenté le président Sergio Mattarella dans un communiqué.

A la tombée de la nuit, dans un amas impressionnant de tôles et de béton, des centaines de secouristes fouillaient encore les décombres du viaduc, avec l’aide de chiens, à la recherche de survivants.

« L’espoir ne cesse jamais, nous avons déjà sauvé une dizaine de personnes sous les décombres, on va travailler 24 heures sur 24 », a assuré à l’AFP un responsable des pompiers, Emanuele Giffi.

« Les premières victimes de surface ont été évacuées, maintenant il faut rechercher sous les décombres des bâtiments, mais il y a des milliers de tonnes de béton », a rapporté à l’AFP un pompier français venu en renfort, Patrick Villardry.

Anticipant un bilan élevé du nombre de victimes dans cet effondrement de pont, le plus meurtrier en Europe depuis 2001, le ministre des Transports et des Infrastructures, Danilo Toninelli, avait évoqué « une immense tragédie ».

« J’ai vu la route disparaître »

Le drame s’est déroulé en fin de matinée, sous une pluie battante. Dans un énorme grondement, qui a fait craindre aux riverains un tremblement de terre, le pont dit Morandi, du nom de son concepteur, s’est effondré sur plus de 200 mètres, entraînant une trentaine de voiture et plusieurs poids-lourds.

De l’une de ces voitures, Davide Capello, 36 ans, lui-même pompier, s’en est sorti sans une égratignure. « D’abord j’ai entendu un bruit, puis tout s’est écroulé », a-t-il raconté, encore sous le choc.

« J’ai vu la route disparaître, ça a été une énorme frayeur. Je ne sais pas comment ma voiture n’a pas été écrasée ».

Afifi Idriss, chauffeur routier marocain de 39 ans, a lui aussi eu de la chance: « J’ai vu le camion vert devant s’arrêter et faire marche arrière, je me suis arrêté, j’ai fermé le camion et je suis parti en courant », a-t-il raconté à l’AFP.

Le camion vert était toujours là mardi soir, juste avant le trou béant du pont écroulé.

« Je suis passé dessus des milliers de fois, il y avait toujours des travaux », a raconté à l’AFP Sandro, un chauffeur de taxi de 53 ans. « C’est comme si un peu de ma maison s’était écroulé ».

Mais très vite, le choc a fait place à la colère.

« Je ferai tout pour avoir les noms et les prénoms des responsables passés et présents. Il est inacceptable de mourir comme ça en Italie », a lancé M. Salvini. « Ils devront payer, payer tout et payer cher ».

Travaux de consolidation

D’un ton plus posé, M. Mattarella a appelé à « un examen sérieux et sévère des causes » du drame. « Aucune autorité ne pourra se soustraire à un exercice de pleine responsabilité: les familles de tant de victimes l’exigent, de même que la communauté frappée par un événement qui laissera des traces ».

« Les Italiens ont droit à des infrastructures modernes et efficaces », a-t-il ajouté, alors que le pays a été marqué ces dernières années par de nombreux accidents, depuis les collisions de trains aux écoles effondrées dans un séisme.

Selon des experts, le pont Morandi, long de 1,18 km, est un ouvrage en béton de la fin des années 1960 qui a connu des problèmes structurels dès sa construction et faisait l’objet d’un coûteux entretien lié en particulier aux fissures et à la dégradation du béton.

Selon la société italienne des autoroutes, « des travaux de consolidation étaient en cours sur la base du viaduc », qui faisait l’objet « d’activités constantes d’observation et de vigilance ».

« Les premières indications sembleraient indiquer que la maintenance avait été faite », a déclaré M. Toninelli.

Mais « ces tragédies ne peuvent pas arriver dans un pays civilisé comme l’Italie. La maintenance est prioritaire sur toute autre chose et les responsables devront payer », a-t-il lui aussi insisté.

L’autoroute A10, dite « autoroute des fleurs », relie Gênes à Vintimille, à la frontière française. En raison du relief très accidenté de la région, entre mer et montagne, son parcours est jalonné de longs viaducs et de tunnels.

La semaine dernière, les services de secours italiens avaient déjà été mis à l’épreuve avec l’explosion d’un camion-citerne sur le périphérique de Bologne, qui avait fait un mort et une centaine de blessés.

Voir aussi les photos du viaduc effondré ici

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