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L’UE et le Royaume-Uni s’efforcent de concilier leurs différences sur le Brexit

Le Vif

Le ministre britannique du Brexit, Dominic Raab, a de nouveau rencontré jeudi le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier à Bruxelles, au moment où les deux parties s’efforcent difficilement de réconcilier leurs positions avant le prochain sommet européen en octobre.

C’est la troisième semaine consécutive que les deux hommes se retrouvent dans la capitale belge, honorant ainsi leur promesse de négociations « en continu » à l’approche des dates fatidiques que se sont fixées les équipes de négociation.

Mais la rencontre se déroule sur fond de controverse outre-Manche après que le député travailliste et pro-européen Stephen Kinnock a affirmé que M. Barnier lui avait dit que les propositions figurant dans le plan britannique, dit « de Chequers », étaient « mortes ».

« Michel Barnier a été très clair pour exprimer la position de la Commission sur Chequers dès le départ », a répondu le porte-parole en chef de la Commission européenne Margaritis Schinas, interrogé lors du point presse quotidien de l’institution.

« Nous avons identifié où se trouvaient les éléments positifs et nous avons aussi discuté de la possibilité d’avoir des discussions approfondies pour s’attaquer aux questions qui posent toujours des problèmes », a résumé M. Schinas.

Le plan de la Première ministre britannique Theresa May sur la création d’une nouvelle « zone de libre-échange » avec l’UE, reposant sur un ensemble de règles communes concernant les biens et le secteur agro-alimentaire, est loin de satisfaire Bruxelles, très attaché à l’indivisibilité des quatre libertés de circulation (marchandises, capitaux, services, personnes). Pas question que la libre circulation continue de s’appliquer pour les marchandises mais pas pour les services ou les personnes.

Le conseiller de M. Barnier, Stefaan De Rynck, a confirmé sur Twitter l’idée que le Français avait décrit la proposition des règles communes pour les marchandises comme « impossible ».

L’aboutissement du plan de Chequers début juillet, difficilement obtenu par Theresa May après la démission de deux ministres partisans d’un « Brexit dur », David Davis et Boris Johnson, avait permis de redonner un nouvel élan aux discussions entre Londres et Bruxelles.

« Il y a eu la volonté du côté de Michel Barnier de préserver la dynamique qu’a réussi à enclencher Theresa May » en obtenant l’accord de Chequers, analyse Elvire Fabry, checheur à l’Institut Delors.

– Négociations et spéculations –

Les mises en gardes fusaient alors de la part des deux camps sur un risque d’absence d’accord.

« A ce stade, alors qu’il y a eu une prise de conscience plus affûtée du risque et des conséquences d’un +no deal+, on peut rester confiant sur l’idée qu’un certain pragmatisme prévaudra », estime Mme Fabry.

« On peut encore miser sur un alignement de bonnes volontés qui (…) aboutirait à un accord de libre-échange +plus-plus+ », ajoute-t-elle. Néanmoins, « le risque politique reste important », souligne-t-elle.

Les négociations s’intensifient, les spéculations également.

La livre a rebondi sur les marchés des changes mercredi après un article de l’agence Bloomberg affirmant que Berlin et Londres seraient prêts à accepter de signer un accord de divorce non détaillé, repoussant à plus tard les détails qui fâchent sur le futur partenariat.

Le Brexit doit aussi se retrouver au menu des dirigeants européens lors d’un sommet informel le 20 septembre à Salzbourg (Autriche), avant leur réunion prévue en octobre à Bruxelles.

Selon le calendrier originel, les deux camps espéraient pouvoir cimenter à cette occasion — lors du sommet européen du 18 octobre — un accord sur le Brexit. Cela paraît désormais peu probable, et beaucoup à Bruxelles s’attendent à un sommet extraordinaire au mois de novembre.

D’autant que le congrès annuel du Parti conservateur de Theresa May se réunit fin septembre/début octobre à Birmingham (centre), ajoutant à l’incertitude politique.

Les négociations doivent être bouclées à la mi-novembre au plus tard pour laisser le temps aux différents parlements — au Royaume-Uni et dans les 27 autres Etats membres –, de ratifier l’accord de retrait et la déclaration politique sur la nature de la future relation qui l’accompagnera.

La principale question en suspens reste celle de la frontière entre la province britannique d’Irlande du nord et l’Irlande, membre de l’UE, dont personne ne souhaite le retour.

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