En 300 ans, l'espérance de vie a triplé. Les nouveaux-nés pourront-ils vivre plus longtemps que nous ? © REUTERS

Espérance de vie : pourra-t-on encore la prolonger ?

Stagiaire Le Vif

Il y a trois cents ans, l’espérance de vie ne dépassait pas les trente ans. En 1950, elle atteignait les 66 ans. Aujourd’hui, on peut espérer vivre jusqu’à 82 ans. Mais comment explique-t-on cette évolution, et surtout, pourquoi stagne-t-elle aujourd’hui ? Avons-nous atteint un plafond maximal ?

Les nourrissons nés en 2017 pourraient-ils dépasser les cent ans ? C’est une question que l’on peut légitimement se poser puisque l’espérance de vie n’a cessé de se rallonger depuis trois cents ans. Au XVIIIe siècle, l’espérance de vie peinait à atteindre les trente ans. Aujourd’hui elle a quasiment triplé. Depuis le XXe siècle, l’espérance de vie progresse à raison de trois mois par an, ou six heures par jours. C’est ainsi que l’on passe de 66 ans en 1950 à 82 ans en 2017. Mais jusqu’à quel seuil pourra-t-on grimper ? Depuis quelques années, la progression de l’espérance de vie a ralenti jusqu’à perdre un mois de progression par an. Est-ce que cette régression signifie que la limite est atteinte ? Pas forcément.

Une progression irrégulière

L’histoire nous montre que la progression de l’espérance de vie a suivi une courbe irrégulière. Tout d’abord, elle a été perturbée par les différents conflits et les maladies. Jusqu’au XIXe siècle, la mortalité infantile a également joué un grand rôle. En 1870, 50% des enfants n’atteignaient pas leur dixième année, ce qui explique la faible espérance de vie de l’époque. Après l’arrivée de la vaccination, la mortalité infantile a diminué, rallongeant l’espérance de vie de dix ans. Mais à la fin du siècle, la mortalité infantile remonte de nouveau, suite à l’industrialisation qui a fortement détérioré les conditions de vie de la population. Ensuite arrivent les progrès de la médecine et une politique de protection des enfants qui feront exploser l’espérance de vie. Celle-ci continuera sa progression après la Deuxième Guerre mondiale pour atteindre les trois mois par année. Cependant, depuis 2010, nous sommes passés à deux mois par année, soit une perte d’un mois.

La réalité démontre qu’il n’y a pas de plafond limite

En réalité, ce phénomène de régression n’est pas nouveau. En effet, une baisse de l’espérance de vie s’était déjà produite, il y a une cinquantaine d’années, entre 1950 et 1960 et n’a pas eu de conséquences. La réalité aurait même tendance a montré qu’il n’existe pas de plafond biologique. Au fil du temps, la limite d’âge que l’on pouvait atteindre a sans cesse été dépassée et revue à la hausse, ce qui a conduit les chercheurs à abandonner l’idée d’un éventuel plafonnement.

Aujourd’hui, la courbe de l’espérance de vie connaît une nouvelle phase de stagnation. Mais quelles en sont les causes ? Un des facteurs qui améliore l’espérance de vie, c’est la lutte contre la mortalité chez les adultes et les personnes âgées. Celle-ci est en constante évolution depuis quelques années, mais les progrès sont, en fait, assez récents. Les maladies responsables de la majorité des décès auprès la population adulte sont les maladies cardiovasculaires et les cancers. Les maladies cardiovasculaires ont diminué en peu de temps, on parle même de « révolution cardiovasculaire ». La diminution de la progression de l’espérance de vie pourrait être due aux retombées de cette révolution cardiovasculaire.

Pour que la courbe remonte, il faudrait un recul de la mortalité liée aux cancers. Ce qui pourrait également rallonger l’espérance de vie, c’est de lutter contre les maladies neurodégénératives pour produire une nouvelle révolution sanitaire.

Félicia Mauro

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