L'Aquarius Ecoship naviguerait grâce à des voiles rigides et des panneaux solaires. © Eco Marine Power

Voici à quoi pourraient ressembler les bateaux dans 30 ans

Stagiaire Le Vif

« Décarboniser » la flotte internationale, la rendre plus écologique… Un défi de taille pour les entreprises maritimes qui doivent trouver des technologies capables de réduire de moitié l’empreinte carbone. La course à l’innovation verte est désormais lancée.

En avril dernier, l’Organisation maritime internationale (IMO) annonçait la décision de réguler pour la première fois les émissions de gaz à effet de serre des bateaux. Les entreprises maritimes de 170 pays membres ont comme consigne de réduire ces émissions de 50% d’ici 2050. À eux maintenant de trouver de nouvelles technologies capables d’écologiser la flotte mondiale de 50 000 navires.

Pour rappel, le transport maritime international représente plus de 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone. L’accord de Paris de 2015 pour lutter contre le réchauffement climatique a cédé la main à l’Organisation maritime internationale pour tout ce qui touche de près ou de loin au secteur de la mer.

Juste avant la réunion qui a mené à cette réglementation, un rapport a été publié par le Forum international des transports (ITF), groupe de réflexion dirigé par l’Organisation de coopération et développement économiques. Il y explique que l’industrie pourrait atteindre jusqu’à 95% de « décarbonisation » dès 2035 en « utilisant à son maximum les technologies actuellement connues« .

Des solutions technologiques

Lorsqu’on parle de mesures technologiques, on désigne toutes les technologies appliquées aux navires qui contribuent à accroître l’efficacité énergétique du bateau. Ainsi, on peut notamment penser aux mesures liées au poids des navires, aux moyens de réduire les frictions (en changeant le revêtement de la coque par exemple) ou encore à la meilleure façon de récupérer l’énergie déjà employée.

En raison de la grande disponibilité de carburant bon marché, le transport maritime a trop souvent gaspillé ces ressources. La plupart des navires marchands sont faits d’acier lourd plutôt que d’aluminium. Ils ne se soucient pas plus de mesures d’économie d’énergies telles que les revêtements de coque à faible friction ou la récupération de la chaleur résiduelle, rapporte The Guardian.

Or, des coques plus minces pourraient réduire les besoins globaux de propulsion d’un navire, et donc réduire l’utilisation de carburant de 10% à 15%, explique l’ITF. Cela implique toutefois la modification de la longueur du navire. Or un navire trop long augmente la surface mouillée et la résistance au frottement. Ce qui constitue tout de même un bémol. Remplacer la vieille flotte prendra de toute façon du temps. En sachant que l’âge moyen d’un navire est de 25 ans, cela signifie donc que le passage à des navires plus légers ne s’appliquerait pas avant le milieu du siècle pour la plupart des bateaux.

Moderniser les navires existants

Plutôt que de rebâtir complètement la flotte, l’ITF propose d’autres solutions pour moderniser les navires existants, comme ajuster la courbe du navire avec une extension bulbeuse sous la ligne de l’eau pour réduire la traînée et donc les émissions de 2% à 7%.

On pourrait aussi utiliser la technique de lubrification de l’air. Pour se faire, on projette de l’air comprimé sous la coque pour créer un tapis de bulles, afin de réduire la trainée et les émissions de 3% supplémentaires. Une autre solution serait de remplacer une hélice par deux rotatives. Celles-ci tourneraient dans des directions opposées pour récupérer l’énergie de l’eau qui s’écoule et ainsi gagner 8 à 15% de puissance supplémentaire. Enfin, il est aussi possible de nettoyer la coque avant de la peindre avec un revêtement à faible frottement. Cela permettrait de gagner jusqu’à 5% d’énergie.

Remplacer totalement les navires par des nouveaux

De nouveaux designs et l’utilisation de meilleurs carburants permettraient de créer de nouveaux types de navires. Certaines compagnies s’attèlent déjà à la tâche… L’Aquarius Ecoship, un cargo conçu par une société japonaise appelée Eco Marine Power, à des voiles rigides et des panneaux solaires qui le traînent sur l’eau.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Ce type de système pourrait alimenter des pétroliers, des navires de croisière et bien d’autres transports maritimes. Même avec de grandes batteries pour stocker l’énergie solaire, on ne pourra néanmoins pas complètement se passer de combustibles, mais on parviendrait à réduire les émissions de 40% selon les concepteurs.

Les ingénieurs de Wallenius Wilhelmsen ont imaginé un cargo léger conçu pour transporter jusqu’à 10 000 voitures sur huit ponts différents. Il serait alimenté par l’électricité dont la moitié proviendrait de l’énergie solaire, éolienne et houlomotrice tandis que l’autre moitié viendrait de la conversion d’une partie de cette énergie en hydrogène afin d’alimenter des piles à combustible.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Des alternatives au carburant

Certaines entreprises envisagent l’idée d’utiliser des biocarburants, qui sont produits à partir de matières organiques telles que les végétaux et les déchets animaux. Ces biocarburants sont produits en les extrayant à partir de bois, de récoltes et de déchets. Ils peuvent être solides, liquides ou gazeux. À ce jour, les principales sources proviennent des sucres et des huiles de palme, de soja et colza.

Derrière les nombreux avantages de ce carburant se cachent quelques inconvénients. Les biocarburants sont problématiques, car ils nécessitent la conversion de terres agricoles ou forêts, avec des effets indésirables tels que la réduction des approvisionnements alimentaires, la déforestation et autres dommages environnementaux. Pas très eco-friendly donc…

L’hydrogène (H²) est un autre carburant alternatif puisqu’il émet zéro dioxyde de carbone. On peut l’utiliser comme carburant de différentes manières : dans des piles à combustible, dans un mélange bicarburant qui l’allie à des carburants diesels traditionnels ou en remplacement du mazout lourd utilisé dans les machines à combustion. Il reste néanmoins à résoudre les problèmes de volatilité du carburant : son usage n’est donc pas pour dans l’immédiat.

Chavagne Mailys

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire