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Vague de froid : le vortex polaire, c’est quoi?

Le Vif

Les Etats-Unis font face à un front d’air froid qui fait baisser les températures à des niveaux plus vus depuis 20 ans. Le responsable s’appelle vortex, un tourbillon d’air froid qui vient du pôle Nord. Explications.

C’est le mot du jour, à la Une de la presse américaine. Le vortex polaire est à l’origine de la vague de froid exceptionnelle qui touche actuellement une partie du Canada et des Etats-Unis. La température ressentie dans le Montana était par exemple lundi de -53°C.

Le vortex polaire, c’est quoi ?

« Un cyclone persistant d’une grande étendue positionné constamment près de l’un des deux pôles », comme le définit le National weather service, le service météorologique américain. C’est un phénomène permanent au niveau du pôle Nord et du pôle Sud qui faiblit l’été et se renforce l’hiver. « C’est une sorte de tourbillon qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Il emprisonne de l’air froid au-dessus de l’Arctique », explique pour LeVif.be David Salas y Mélia, chercheur climatologue à Météo-France.

« Il est généralement maintenu en place par le jet stream, un bandeau de vents entre 15 000 et 20 000 pieds au-dessus de la Terre qui sépare l’air froid de l’air chaud », rappelle le Washington Post dans un schéma détaillé.

Que s’est-il passé en Amérique du Nord?

Dans le cas présent, cette bande d’air arctique à basse pression s’est déplacée vers le sud, ce qui correspond à l’est du Canada et des Etats-Unis, comme le montre cette carte diffusée par Channel 4.

Comment l’expliquer?

« Il faut reconnaître que ce phénomène n’est pas très bien compris, reconnaît David Salas y Mélia. Il existe plusieurs hypothèses. Le fait que le vortex soit un peu plus faible notamment. En effet, s’il tourne vite, l’air froid est relativement bien confiné au niveau de l’Arctique. Sinon, il s’échappe, et comme c’est le cas actuellement par exemple, ‘coule’ aux Etats-Unis sous la forme d’un méandre. »

Un phénomène exceptionnel?

Pour autant, ce phénomène n’est pas nouveau, rappelle le Los Angeles Times. Le plus célèbre précédent étant celui de 1985 où les températures étaient descendues jusque moins 52 degrés (températures réelles et non pas ressenties). « On est face à un phénomène de grande ampleur mais pas vraiment historique car, s’il y a des records de froid battus à quelques endroits, pour parler d’un phénomène vraiment exceptionnel il faudrait que des records soient dépassés sur une zone géographique étendue », estime François Gourand, prévisionniste à Météo-France.

Quelles conséquences?

Les températures ont atteint des niveaux négatifs plus vus depuis 20 ans. Des lésions graves de la peau surviennent après quelques minutes d’exposition seulement, ont rappelé les autorités américaines, qui ont multiplié les appels à la prudence. « Le vortex polaire n’est pas quelque chose de dangereux en lui-même pour l’homme mais l’air froid arctique auquel il est associé à la surface de la terre peut l’être », précise le National weather service. Cette vague de froid accompagnée de neige et de pluies verglaçantes a fait une dizaine de morts en moins d’une semaine.

Pourquoi les Etats-Unis et pas la Belgique?

« Il y a peu de relief entre l’Océan glacial arctique et le Canada et les Etats-Unis sur la partie Est, ce qui signifie peu de protection, décrypte David Salas y Mélia. Chez nous, un tel phénomène peut arriver mais au Nord, la mer relativement chaude (5 à 6 degrés même en hiver) réchauffe l’air froid. Ce qui a le plus d’effet en France et en Belgique c’est le gros anticyclone centré sur la Sibérie. »

Par Claire Hache

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