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Une étude ne trouve pas de lien entre fracturation hydraulique et pollution au méthane

Le Vif

L’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis a revitalisé certaines régions et provoqué un intense débat environnemental sur la pollution des nappes phréatiques par du méthane. Mais une nouvelle étude sophistiquée réalisée en Pennsylvanie n’a trouvé aucun lien.

Les gaz de schiste sont emprisonnés dans des roches profondes, sous les réservoirs traditionnels de gaz. Pour les capter, les exploitants utilisent des puits verticaux puis horizontaux et une technique de fracturation hydraulique, qui consiste à injecter à forte pression de l’eau mélangée à des produits chimiques.

Dans le passé, des mesures réalisées autour de tels sites, notamment pour une étude retentissante publiée en 2013, ont mis en évidence une forte concentration de méthane dans les aquifères proches des puits.

Mais rares sont les études sérieuses qui ont comparé l’avant et l’après, afin d’établir un lien de cause à effet.

C’est ce qu’ont entrepris deux chercheurs de l’Université Yale dans le bassin de Marcellus, épicentre du boum des gaz de schiste aux Etats-Unis, et qui recouvre une partie de la Pennsylvanie. Ils y ont installé huit puits de mesure dans une zone de 25 km carrés, qui leur ont permis de surveiller la teneur en méthane de l’eau souterraine pendant deux ans, avant et après le creusement de sept sites de fracturation hydraulique à proximité.

Pendant cette période, la teneur en méthane dans les aquifères en profondeur a augmenté, parfois au-dessus des limites réglementaires, relèvent-ils dans leur étude parue lundi dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Mais la composition chimique du méthane n’avait rien à voir avec celle du gaz de schiste exploité au-dessous.

En outre, « ces augmentations se sont souvent produites avant le début des opérations d’exploitation des gaz de schiste », ont écrit à l’AFP les auteurs de l’étude, le professeur d’hydrologie James Saiers et la doctorante Erica Barth-Naftilan.

Ils supposent que la hausse de la concentration en méthane est d’origine naturelle. Les eaux profondes, naturellement plus chargées en méthane, se mélangent constamment aux nappes phréatiques plus proches de la surface.

Et ils excluent que les forages de la compagnie gazière aient crevé et fait remonter d’autres poches de méthane, car ils ont eu lieu trop loin des puits de mesure.

Cette étude en appelle d’autres, pour confirmer les résultats et comprendre pourquoi l’eau devient plus concentrée en méthane. Elle ne répond pas non plus à d’autres questions, notamment l’éventuelle contamination de l’eau par les produits chimique utilisés lors de la fracturation hydraulique.

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