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Réduction des émissions de CO2 : on est loin du compte !

Les intentions affichées de la communauté internationale pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre sont encore plus loin du compte qu’on ne le pensait pour contenir le réchauffement climatique à 2%, s’est inquiétée l’ONU mercredi dans un rapport.

Pour parvenir à cet objectif, il faudrait n’émettre plus que 44 gigatonnes (Gt) équivalent CO2 en 2020 dans l’atmosphère, contre environ 50 Gt par an aujourd’hui, rappelle le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) dans son rapport.

Or même si les promesses les plus ambitieuses sont tenues, il manquera 8 Gt, soit deux Gt de plus qu’estimé dans son précédent rapport en 2011. « La transition vers une économie moins carbonée se fait beaucoup trop doucement, et les chances de parvenir » à une hausse maximale de 2%, « se réduit chaque année un peu plus », a averti Achim Steiner, directeur exécutif du Pnue.

Selon l’ONU, si aucune mesure d’urgence n’est prise, la hausse de la température moyenne de la planète au cours du siècle sera de 3 à 5%. Le niveau des émissions de gaz à effet de serre (GES) a augmenté de 20% depuis 2000, et doit être réduit de 14% pour atteindre les niveaux requis en 2020, précise le rapport.

L’objectif de 2% que s’est fixé la communauté internationale est le seuil au-delà duquel, selon les scientifiques, le système climatique risquerait de s’emballer avec des effets qui accéléreraient fortement le réchauffement.

Ce rapport, réalisé par 55 scientifiques de 20 pays, est présenté quelques jours avant l’ouverture du grand rendez-vous climat annuel, du 26 novembre au 7 décembre à Doha, durant lequel plus de 190 pays vont tenter de progresser dans la lutte contre le changement climatique.

Un accord global est attendu en 2015 pour entrer en vigueur en 2020. « Plus vite, les pays feront ce qu’ils ont promis, le mieux ça sera. Mais même s’ils font tout ce qu’ils ont promis de faire, ce ne sera pas encore suffisant pour rester sur le chemin des 2 degrés », a déclaré à l’AFP un des experts du Pnue, John Christensen. « Ils peuvent augmenter leur niveau d’ambition, mais cela signifie qu’il faut agir maintenant », a-t-il averti.

En 2011, le Pnue avait estimé que l’écart entre les intentions affichées par les pays, après l’accord de Copenhague en 2009, et les émissions mondiales maximales à l’horizon 2020 compatibles avec la limite de 2° était dans le meilleur des cas de 6 Gt.

La nouvelle évaluation, supérieure de 2 GT, s’explique en partie par le fait que « les pays ont apporté des clarifications sur leurs promesses, comment elles doivent être interprétées en pratique, ce qui a permis d’actualiser notre évaluation », a expliqué à l’AFP Joeri Rogelj, l’un des auteurs du rapport.

Par ailleurs, pour la première fois, le Pnuea vraiment pris en compte le problème de la « double comptabilité » des réductions de GES, c’est-à-dire que deux pays comptabilisent dans leurs promesses la même réduction d’émissions, par le biais de mécanismes complexes.

Se voulant néanmoins optimiste, le directeur exécutif du Pnue a tenu à souligner que « réduire cet écart reste possible avec les technologies existantes et la mise en oeuvre de politiques ».

Il a mis en exergue « les nombreuses actions mises en oeuvre au niveau national comme l’efficacité énergétique dans les bâtiments, la lutte contre la déforestation, les nouvelles normes d’émissions pour les voitures ainsi que l’augmentation remarquable des investissements dans les énergies renouvelables qui ont atteint les 260 milliards de dollars en 2011 ».

Le Vif.be, avec Belga

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