Anne Hidalgo, maire de Paris, et Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, sur les bords de la Seine. © AFP

Paris rend les berges de la Seine aux promeneurs

Le Vif

Bucoliques et romantiques, les berges de la Seine, au coeur de Paris, sont depuis lundi définitivement interdites aux voitures au nom de la lutte contre la pollution, pour être rendues aux piétons et aux cyclistes.

Le conseil de Paris a voté en fin de matinée ce projet porté par la maire de la capitale, Anne Hidalgo, soutenue par la majorité socialiste et écologiste, mais combattu par la droite parisienne, qui craint son impact pour les commerces et les automobilistes.

Le plan prévoit de fermer sur 3,3 kilomètres une partie de la voie rapide qui traverse Paris d’ouest en est, en longeant son fleuve et quelques unes de ses perles architecturales, dont le Louvre. Un parcours classé au patrimoine mondial de l’Unesco, où circulaient quelque 43.000 véhicules par jour.

Après le vote, la maire socialiste a salué une « décision historique, la fin d’une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine ».

Pour Anne Hidalgo, qui a fait de la réduction de la place de la voiture en ville l’un de ses grands chantiers, il s’agissait d’un « enjeu de santé publique ». « Paris est une ville qui est trop polluée, une ville dans laquelle il y a des morts liés à la pollution », répète-t-elle.

Elle a donc passé outre un avis défavorable – consultatif – d’une commission d’enquête publique.

La ministre de l’Environnement Ségolène Royal la soutient ainsi que cinq pneumologues reconnus, selon lesquels la pollution de l’air entraîne « 2.500 décès par an à Paris et 6.600 à l’échelle de la Métropole ».

‘Privilège’ ou nécessité ?

Les Parisiens se montraient plus partagés, mais 55% d’entre eux y étaient favorables, dont Odile et Alain, deux retraités qui « marchent tout le temps » et sont « 100% pour ».

« On est rentrés samedi de notre maison de campagne. Dimanche, j’avais les yeux qui pleuraient, le nez qui coulait. Paris est pollué et les gens ne s’en rendent même plus compte ! », estime Odile.

Mais, pour Véronique Gryson, qui habite la banlieue parisienne, « c’est un privilège un peu cher payé » s’il « enquiquine des milliers d’automobilistes ». « En septembre, il fait encore beau et il y a beaucoup de monde. Mais comment ce sera en janvier ou février ? », s’interroge-t-elle.

Près de 19.000 personnes ont signé une pétition soutenant le projet, tandis que l’association « 40 millions d’automobilistes » a rassemblé 12.000 signatures d’opposants.

Le pari de la municipalité est qu’une partie des automobilistes optent pour les transports en commun ou le covoiturage, et que ceux qui ne le peuvent pas empruntent des trajets alternatifs. Des études scientifiques sur des cas comparables invoquent une « évaporation » de voitures, de 10 à 20%.

A droite, les élus ne contestent pas la lutte nécessaire contre la pollution mais ils craignent l’enfer de bouchons, encore plus polluants, pour les habitants de banlieues qui viennent travailler à Paris.

Autre inquiétude, l’impact pour les cafés, commerces et restaurants installés sur les quais hauts, qui risquent d’être pénalisés par des embouteillages plus fréquents.

Dernier grief, les élus de droite déplorent le « manque de concertation » de la maire de Paris et une décision trop précipitée.

« C’est un projet qu’on porte depuis 15 ans. Je ne sais pas si au bout de 15 ans on peut considérer que la démarche est brutale », a rétorqué lundi matin Anne Hidalgo.

La mairie fait enfin valoir que la voie est déjà fermée depuis la mi-juillet en raison de l’installation Paris Plages, puis d’une exposition temporaire, sans que cela ait entraîné « l’Apocalypse annoncée ».

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