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Paris : des plaintes déposées contre la pollution de l’air

Le Vif

Des associations ont décidé de porter plainte contre x pour  » mise en danger de la vie d’autrui  » suite à la pollution qui asphyxient les Parisiens ces derniers mois.

C’est une procédure pénale inédite que l’association Ecologie sans frontière (ESF) a entamée en 2014 lors de l’introduction de la circulation alternée à Paris. Elle avait porté plainte contre x pour « mise en danger de la vie d’autrui » et dénoncé « l’inaction » des pouvoirs publics face aux niveaux de pollution à Paris qui ne respectent pas la réglementation. L’enquête préliminaire ayant été classée sans suite par le parquet de Paris la semaine dernière, l’ONG a décidé de déposer une nouvelle plainte contre X en se constituant partie civile.

« Cela permettra la désignation d’un juge d’instruction et ouvrira la voie à d’autres associations ou victimes de la pollution qui pourront se constituer partie civile à leur tour « , explique Franck Laval, fondateur et porte-parole d’ Ecologie sans frontière.au Parisien.

ESF n’est pas la seule association à se battre contre l’inaction des pouvoirs publics face aux problèmes de pollution, une autre ONG, Les Amis de la Terre, poursuit l’Etat français depuis près de dix ans devant la justice administrative pour que « soient enfin respectées les normes de qualité de l’air à Paris ». « Nous attendons beaucoup du Conseil d’Etat car la situation à Paris est grave : l’évaluation environnementale du dernier plan de protection de l’atmosphère d’Ile-de-France atteste que les valeurs limites d’émission de particules fines seront toujours dépassées en 2020 « , affirme le président des Amis de la Terre-Paris, Louis Cofflard, dont les propos sont relayés par Le Parisien.

« 42 000 décès prématurés par an »

Le procureur de Paris, pour sa part, justifie le classement sans suite de la première plainte contre X de la sorte: « C’est bien l’activité humaine (circulation routière, chauffage au bois, certaines activités industrielles ou agricoles essentiellement) et non la carence alléguée des pouvoirs publics qui se trouve directement à l’origine de la pollution atmosphérique et de ses conséquences négatives en termes de santé publique. »

L’ONG n’est pas de cet avis et souligne que la pollution de l’air est responsable de « 42 000 décès prématurés par an », ESF rappelle aussi que la France est poursuivie par l’Europe, et est passible d’une amende pour non-respect de la qualité de l’air.

Et l’association de citer, par le biais de son porte-parole, d’autres pays qui ont pris à bras le corps le problème de la pollution en profondeur tel Tokyo, « où le diesel a été éradiqué du centre-ville à partir de 2001 et le taux de concentration de particules fines dans l’air réduit de 55 % en dix ans ». L’association prend aussi l’exemple de Londres, Berlin et Stockholm où des zones de basse émission ont été créées. « Mais en France, les zones d’action prioritaires pour l’air (Zapa), créées par la loi Grenelle 2 en 2010 sur le même principe, sont restées lettre morte », déplore encore l’ONG, qui dénonce un « naufrage politique « .

La pollution aux particules jusque dans le métro

Par ailleurs, il ressort du système de surveillance de la qualité de l’air et de l’environnement souterrain mis en place depuis 1997 par la RATP que certaines stations de métro sont aussi envahies par les particules fines. Ainsi, aux heures de pointe, des pics à plus de 1000 microgrammes ont été enregistrés à Châtelet, en janvier 2015. En moyenne annuelle, la station Châtelet atteint plus de 150 microgrammes et la moyenne de Auber frise les 180 microgrammes. La vétusté du matériel serait ici mise en cause. Comme l’explique Le Figaro, la principale cause d’émission de particules dans les espaces souterrains du métro et du RER provient directement de l’activité ferroviaire et plus précisément du système de freinage des anciens wagons.

Mais pas seulement : « Le niveau de particules dans l’air du métro dépend aussi de l’air extérieur. En effet, un grand nombre de bouches d’aération du métro se trouvent à hauteur du pot d’échappement des voitures. On a donc de nombreuses particules de carbone qui viennent du transport routier », explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherches à l’Université d’Orléans et au CNRS spécialisé dans la chimie atmosphérique au journal français. « Du fait de la mauvaise ventilation de certaines gares, les particules restent dans l’air souterrain et sont constamment remises en suspension quand un train entre ou quitte la gare, quand il y a des courants d’air ou quand il y a des mouvements de foule. Il y a donc un risque constant de les inhaler. Tous ces facteurs donnent des taux de particules épouvantables« , déplore encore le chercheur.

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