© Getty Images/iStockphoto

Le trafic routier et l’agriculture empoisonnent les forêts belges

Si la qualité des eaux souterraines de nos forêts est meilleure qu’il y a 25 ans, elle n’est pas encore pleinement satisfaisante, ressort-il mercredi de récentes investigations de l’Institut flamand de recherche pour la Nature et la Forêt (INBO) à Bruxelles. Environ un cinquième des arbres en forêt sont par ailleurs malades. Le trafic et l’agriculture sont les sources principales de pollution.

Alors que le soufre représentait auparavant l’élément le plus dommageable pour les bois et forêts (les pluies acides contenaient tellement d’acide sulfurique que les arbres et les plantes y succombaient), le plus gros problème de ces derniers réside maintenant dans l’azote, sous la forme d’ammoniaque et d’oxyde d’azote (NOx). La qualité des eaux souterraines est ainsi l’une des causes de la santé déclinante des arbres.

Pour ses recherches, le doctorant Arne Verstraeten de l’INBO a analysé sur une longue période les eaux souterraines des forêts mais aussi celles emprisonnées dans les feuilles des arbres. Ces mesures ont permis d’observer une diminution des concentrations d’azote dans les eaux souterraines. « La concentration en nitrate a également baissé », précise le chercheur. « Le niveau d’acidité est moindre, tout comme la quantité d’aluminium qui se retrouve dans les eaux de nos forêts. Pourtant, l’acidification des sols forestiers continue. C’est surtout l’excès d’azote (ammonium et nitrate) qui est problématique et qui le restera pour les prochaines années. » Ce surplus d’azote dans les eaux souterraines se retrouve naturellement dans les arbres, ce qui peut accentuer le manque de phosphore dans certaines forêts. Celles-ci, en conséquence, se développent moins bien, explique M. Verstraeten.

Une autre étude de longue haleine de l’INBO démontre en outre que plus d’un arbre sur cinq des forêts flamandes n’est pas en bonne santé. La situation est quelque peu meilleure en Wallonie, bien qu’une comparaison précise soit difficile étant donné que les paramètres étudiés diffèrent en fonction des régions.

Autre constat: les concentrations d’ammonium et de nitrate dans l’eau de pluie diminuent moins rapidement que dans les régions environnantes non boisées. Paradoxalement, cela pourrait avoir un lien avec les propriétés filtrantes des bois et avec les dépôts acides durant les périodes sèches, notamment.

« De très grandes quantités d’ammonium se déposent en effet sur la cime des arbres durant ces périodes. Il s’agit d’une substance poisseuse: elle reste collée aux branches et aux feuilles, qui peuvent même l’absorber. Nous ne connaissons pas encore précisément le processus mais selon une hypothèse, les bactéries présentes au sommet des arbres transformeraient l’ammonium en composé d’oxyde d’azote qui, par ruissellement, se retrouverait ensuite dans les sols et les eaux souterraines », expose le doctorant.

Quant aux causes de cette pollution, l’élevage intensif reste la première source à côté d’autres activités agricoles. Ces exploitations libèrent en effet de grandes quantités d’ammoniaque. Le trafic routier constitue un autre facteur polluant important puisqu’il est responsable de plus de 60% des émissions d’oxydes d’azote.

Combinée au réchauffement climatique, la pollution de l’air exerce par ailleurs une forte pression sur les bois et forêts belges; ceux-ci sont plus souvent soumis aux invasions d’insectes ainsi qu’aux affections bactériennes et aux moisissures.

« Des mesures urgentes sont nécessaires pour combattre le rejet d’azote », conclut Arne Verstraeten, doctorant de l’INBO. « Nous sommes les derniers de la classe à l’échelle européenne. Ceci s’explique en partie par la densité de la population en Belgique mais également par un manque de politique décisive. »

Contenu partenaire