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« La pollution de l’air va causer la mort prématurée de milliers d’Européens »

Le Vif

Même si la qualité de l’air et de l’eau a tendance à s’améliorer ces dernières années et que l’on recycle davantage, l’effort écologique n’est pas encore suffisant pour protéger correctement notre santé selon le dernier rapport de l’agence européenne pour l’environnement. Des changements fondamentaux dans les systèmes de production et de consommation sont nécessaires. Et rapidement.

Il meurt encore prématurément des centaines de milliers de personnes par an à cause de la mauvaise qualité de l’air. Or, ce qui est prévu pour en diminuer les effets sur le long terme est pour l’instant insuffisant pour réellement limiter les dégâts. Bien que les différentes politiques environnementales portent peu à peu leurs fruits, on est encore loin des ambitions affichées en 2013 par le programme européen « Bien vivre, dans les limites de notre planète » pour 2050 établies. Toujours selon ce rapport, les changements climatiques, tout comme la perte de biodiversité, sont aussi à craindre. L’Europe n’est, en effet, toujours pas en mesure de réaliser son objectif de mettre un terme à la perte de biodiversité d’ici 2020 et la Méditerranée affiche toujours une surpêche de 91 % des stocks évalués en 2014. C’est pourquoi l’Union européenne devrait impérativement et sans traîner implémenter une politique environnementale radicalement différente. « Nous devons commencer tout de suite. Bon nombre des décisions que nous prenons aujourd’hui vont déterminer la manière dont nous vivrons en 2050 » dit le Belge Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’agence. « Nous avons besoin d’un changement radical dans tout ce qui est technologie, manière de vivre pour arriver à nos objectifs environnementaux sur le long terme. Il faudrait notamment de nouvelles approches répondant à la nature systémique de nombreux problèmes environnementaux. »

Toujours selon Hans Bruyninckx, « nos sociétés et économies continuent d’endommager les systèmes naturels et les services écosystémiques qui sous-tendent notre prospérité. Si nous utilisions pleinement nos capacités d’innovation, nous pourrions rendre l’Europe réellement durable tout en nous plaçant à la pointe de la science et de la technologie, en créant de nouvelles industries, et ainsi engendrer une société plus saine. » Pour y arriver, il faudrait selon le rapport « des politiques plus ambitieuses, de meilleures connaissances et des investissements plus avisés afin de transformer en profondeur les systèmes clés que sont l’alimentation, l’énergie, le logement, le transport, les finances, la santé et l’éducation. »

Par ailleurs , la pollution atmosphérique et sonore continue d’avoir de graves conséquences sur la santé dans les zones urbaines. Rien qu’en 2011, près de 430.000 morts prématurées sont dues aux particules fines, alors que la pollution auditive cause chaque année la mort d’au moins 10.000 personnes qui décèdent notamment suite à des problèmes cardiaques indique le rapport.

La Commission Juncker veut agir mais ne s’engage pas

La Commission européenne a assuré mardi vouloir agir pour la qualité de l’air, la biodiversité et combattre la pollution, après un rapport critique contre l’inaction de l’UE, mais sans s’engager sur des actions concrètes.

L’Europe n’a pas atteint ses objectifs environnementaux, notamment en matière de biodiversité, de qualité de l’air et de pollution sonore, et doit bouleverser ses modes de production et de consommation si elle veut les atteindre, a averti mardi l’Agence européenne de l’environnement dans son rapport quinquennal.

« Ce rapport doit être notre étoile à suivre pour orienter nos politiques », a affirmé le commissaire à l’environnement et aux affaires maritimes, le Maltais Karmenu Vella, au cours de sa première conférence de presse depuis sa prise de fonction en novembre. Mais le nouveau commissaire s’est refusé à tout engagement précis. Interrogé sur l’exploitation du gaz de schiste, la fin des aides aux combustibles fossiles et les moyens de lutter contre la pollution causée par les transports, il n’a pas répondu.

Relancé sur les propositions attendues pour le recyclage, après l’abandon de celles soumises par la précédente Commission, il a également éludé. « Je ne veux pas entrer dans le détail de ce que nous allons proposer, car cela doit être discuté au sein du collège des commissaires et avec les autres acteurs », a-t-il déclaré.

M. Vella s’est toutefois défendu d’être freiné dans ses ambitions par ses homologues responsables de l’Industrie et de l’Energie. « Je ne le pense pas. Nous avons pris un engagement pour l’économie circulaire (le recyclage des déchets et la réutilisation des matériaux), et c’est celui de toute la Commission », a-t-il affirmé. Un plan pour la gestion des déchets sera présenté pour 2015, a-t-il insisté.

« Cela fait 50 ans que l’on parle de l’économie circulaire, sous d’autres dénominations. Maintenant il faut dépasser le concept et agir », a-t-il affirmé. « Nous avons retiré les propositions car nous voulons un paquet plus large, plus ambitieux; pas seulement des objectifs mais un processus qui réintroduise les matériaux dans la chaîne de production », a-t-il expliqué.

Le paquet de propositions retiré par le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, comportait six projets de lois sur les déchets, les emballages, les décharges, les véhicules en fin de vie, les batteries et piles, les déchets électroniques.

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