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La climatisation, utile pour la santé mais fléau pour l’environnement

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La climatisation est au coeur d’un vrai paradoxe. Si elle est salutaire pour la santé, elle est aussi à l’origine d’énormes dégâts sur l’environnement. Explications.

Les périodes d’extrême chaleur peuvent provoquer des dégâts. Cela s’est produit récemment au Québec, où la canicule a provoqué plusieurs dizaines de décès. Dans ce genre de situation, on a vite fait de se tourner vers une alternative rapide et facile pour se rafraichir : la climatisation, qu’elle soit privée ou bien installée dans une entreprise. Mais si elle permet de sauver des vies, elle contribue également fortement au réchauffement climatique.

Défaillance du corps et chute de la productivité

Sans le rafraichissement adéquat, l’épuisement dû à la chaleur peut perturber le fonctionnement du corps et conduire à des problèmes sévères, comme la défaillance d’un organe, voire entrainer la mort. Les décès résultant de maladies liées à une chaleur extrême pourraient concerner plus de 250.000 personnes d’ici 2050, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De plus, un manque de moyens de refroidissement entraine des difficultés pour assurer la sécurité alimentaire et stocker des médicaments.

Au-delà des effets néfastes sur la santé, la chaleur joue également sur la productivité. L’ONG Sustainable Energy for All estime que certaines régions d’Asie et d’Afrique, les plus touchées par les vagues de forteschaleur, devront faire face à une baisse de 12% des heures de travail d’ici 2050 dû au stress thermique.

Consommation d’électricité et composants

Au regard de ces conséquences, la climatisation semble l’atout parfait. Il suffirait donc d’élargir l’accès à la climatisation et fournir dans les espaces publics des alternatives de refroidissements pour ceux qui n’en ont pas les moyens ? Ce n’est pas si simple, explique le Time. Si de plus en plus de personnes sont en mesure de se fournir en climatisation, il ne peut pas devenir un outil de développement dans les régions les plus pauvres aussi facilement. Notamment à cause de son impact environnemental. Les climatiseurs consomment en effet de grandes quantités d’électricité et sont souvent alimentés par des sources d’énergie qui émettent de grandes quantités de CO2.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que, sans action gouvernementale, les climatiseurs utiliseront autant d’énergie d’ici 2050 que la quantité utilisée par la Chine aujourd’hui pour toute son électricité. Cela représente une multiplication par trois de la consommation d’énergie utilisée par les systèmes d’air conditionné aujourd’hui. De plus, tous les pays ne sont pas en mesure de répondre à une telle demande et devront s’équiper en centrales pour suivre la demande, au risque de se retrouver avec un réseau instable. « Le refroidissement est probablement le plus gros consommateur d’énergie, et on a tendance à ne pas y penser », confirme Erik Solheim, qui dirige le Programme des Nations unies pour l’environnement.

En plus de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre, les produits de climatisation peuvent également contribuer au changement climatique en émettant des hydrofluorocarbures (HFC). S’ils ne sont pas dangereux pour l’ozone, ils le sont pour le climat, puisqu’ils piègent la chaleur dans l’atmosphère à des taux alarmants.

Immense défi

Une réalité à double tranchant difficile à contourner pour les scientifiques et les décideurs politiques. Pourtant, le défi est immense. Selon l’ONG Sustainable Energy for All, 1,1 milliard de personnes à travers le monde n’ont pas accès à un moyen de refroidissement adéquat. Une constatation renforcée par une analyse de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), qui montre que seulement 8% des 2,8 milliards de personnes vivant dans les régions les plus chaudes possèdent un système de climatisation. Pourtant, pour ces populations, l’accès à l’air conditionné n’est pas un luxe, comme il pourrait l’être chez nous.

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