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L’UE se prononce vendredi sur l’interdiction des néonicotinoïdes nocifs pour les abeilles

Des experts des 28 Etats membres de l’Union européenne (UE) doivent se prononcer vendredi sur l’interdiction ou non de trois pesticides néonicotinoïdes accusés de nuire à la santé des abeilles.

Les trois pesticides concernés sont la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame, des subtances neurotoxiques qui s’attaquent au système nerveux des insectes.

Leur avenir est en suspens dans l’UE depuis 2013 et une première étude de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa). Cette dernière s’est lancée en 2015 dans une évaluation encore plus poussée et a confirmé en février dernier le risque pour les abeilles.

Pour que l’interdiction de ces pesticides soit effective, une majorité qualifiée sera nécessaire, soit 55% des 28 Etats membres représentant 65% des habitants de l’Union européenne. Pour l’heure, plusieurs pays n’ont toutefois pas encore arrêté clairement leur position et l’issue du vote reste incertaine.

« Il est impératif pour la survie de la biodiversité et pour la survie des abeilles que les États européens cessent de tergiverser et prennent enfin leurs responsabilités », tempête l’eurodéputé socialiste Marc Tarabella, fervent partisan d’une interdiction.

Ce scénario est par contre accueilli beaucoup plus fraîchement par la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA). « La préservation des abeilles est primordiale mais la solution ne passe pas par une interdiction totale des néonicotinoïdes mais par des actions concrètes de collaborations entre agriculteurs et apiculteurs », estime-t-elle.

La FWA s’inquiète particulièrement des répercussions qu’aurait une interdiction dans les cultures pour lesquelles il n’existe pas d’alternatives.

« Les betteraves et les chicorées en font clairement partie, ainsi que quelques autres cultures dont les plants de pomme de terre. En absence d’exceptions pour ces cultures, les conséquences seraient catastrophiques pour nos exploitants mais aussi au niveau de l’économie globale de la Belgique, de la perte d’emploi en amont et aval de l’agriculture et enfin en termes d’impact environnemental », souligne-t-elle.

Interrogé jeudi en plénière de la Chambre sur la position qu’adoptera la Belgique, le ministre de l’Agriculture Denis Ducarme (MR) s’est dit en faveur d’une interdiction assortie d’un ‘phasing-out’ (une période transitoire) limité aux filières betterave et chicorée.

D’après M. Ducarme, la proposition d’interdiction immédiate des néonicotinoïdes est insatisfaisante, car « elle fait fi de l’absence d’alternatives écologiques et du fait que les alternatives existantes telles que les pyréthroïdes sont en effet plus nuisibles pour les insectes pollinisateurs que les néonicotinoïdes du fait qu’elles doivent être pulvérisées dans l’air ».

Par ailleurs, la proposition ignore la situation de dépendance des agriculteurs belges à cette substance. « En effet, les secteurs de la betterave et de la chicorée de notre pays risqueraient concrètement de ne pas survivre à une interdiction immédiate », ajoute-t-il.

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