© iStock

L’ONU s’attaque au braconnage des éléphants et des rhinocéros

Le Vif

L’ONU a appelé jeudi ses 193 pays membres à combattre plus efficacement le commerce illégal des espèces sauvages, comme les éléphants et les rhinocéros, qui sont menacés de disparition.

Dans une résolution non contraignante, la première du genre, l’Assemblée générale des Nations unies « se déclare très inquiète de l’augmentation continue du braconnage des rhinocéros et du nombre alarmant d’éléphants tués en Afrique ».

Elle estime que ces espèces « sont menacées de disparaitre localement et, dans certains cas, sur l’ensemble de la planète ».

Il reste 470.000 éléphants d’Afrique à l’état sauvage, selon le décompte de l’ONG Elephants Without Borders (EWB), contre 550.000 en 2006.

Depuis 2007, la célèbre réserve sud-africaine du parc Kruger a perdu des centaines de rhinocéros, abattus et décornés pour alimenter le marché noir de la poudre de corne en Asie.

Le Mozambique a perdu la moitié de ses éléphants en cinq ans et on estime que le rhinocéros y a disparu depuis 2013.

L’initiative de l’ONU intervient au moment où Cecil, un lion majestueux qui était la vedette d’une réserve au Zimbabwe, a été tué par un chasseur américain, suscitant une émotion planétaire.

C’est la première fois que l’ONU consacre une résolution spécifique à la lutte contre le braconnage.

Des textes précédents du Conseil de sécurité se contentaient de faire référence à la manière dont des groupes rebelles en Afrique pillent la faune et la flore pour se financer.

La résolution, présentée par le Gabon et l’Allemagne et co-parrainée par plus de 70 pays, s’attaque aussi à la demande, en exigeant des pays consommateurs qu’ils prennent des mesures.

La Chine représente plus de 70% de la demande mondiale d’ivoire, selon des ONG, qui imputent à la montée en flèche de la consommation chinoise la mort chaque année de 30.000 éléphants africains.

Contrebande d’ivoire

Les pays asiatiques raffolent aussi des vertus prétendument aphrodisiaques de la corne de rhinocéros.

Les trois plus gros centres de contrebande d’ivoire sont le Kenya, la Tanzanie et Hong Kong.

La résolution encourage les pays à « prendre des mesures efficaces pour prévenir, combattre et éradiquer » le braconnage et la contrebande, en contrôlant « à la fois l’offre et la demande ».

Elle demande aux pays membres de renforcer leur législation « afin de faire du commerce illicite d’espèces protégées de la faune et de la flore sauvages impliquant le crime organisé un délit grave ».

Les pays sont invités à intensifier la coopération régionale et internationale et à impliquer davantage les communautés locales dans cette lutte, en en faisant « des partenaires actifs dans la préservation et l’utilisation durable » des ressources naturelles.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon devra faire rapport à l’Assemblée lors de sa prochaine session annuelle en septembre à New York. Il devra « faire des propositions » concrètes et l’Assemblée lui suggère en particulier de nommer un « envoyé spécial » chargé de ce dossier.

Le ministre gabonais des Affaires étrangères Emmanuel Issoze-Ngondet, présent lors du vote, a affirmé la « volonté du Gabon d’éradiquer le braconnage ». Il a souligné que ce phénomène « entrave les investissements (..) et contribue à la propagation de virus ». « C’est une réelle menace pour la stabilité de notre pays ».

Bien que non contraignante, « cette résolution a une force morale et on peut penser qu’elle servira de moteur pour mener à bien des actions concrètes », a-t-il estimé.

La mort de Cecil le lion « inquiète les pays d’Afrique et le Gabon », a-t-il dit, tout en refusant de commenter davantage avant la conclusion de l’enquête en cours au Zimbabwe.

L’ambassadeur allemand à l’ONU Harald Braun s’est déclaré « scandalisé comme beaucoup de gens par ce qui est arrivé à ce pauvre lion ».

Les organisations de protection comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) et TRAFFIC se sont félicitées de l’adoption de la résolution.

Pour le directeur exécutif de TRAFFIC Steven Broad, « c’est une étape historique ». « Le monde a envoyé un message collectif et sans équivoque, au plus haut niveau ».

« Cette résolution démontre que combattre les crimes contre la faune et la flore sauvages n’est plus seulement une affaire de protection de l’environnement limitée à quelques pays mais est devenu une priorité pour chaque nation », a déclaré le directeur général du WWF, Marco Lambertini.

Avec l’Afp

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire