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Greenpeace : « J’étais cachée entre les deux réacteurs nucléaires »

Alice fait partie des neuf militants qui se sont introduits lundi dans la centrale de Nogent-sur-Seine. La jeune femme, interpellée puis libérée, raconte l’opération choc de Greenpeace.

Alice n’a rien d’une guerillera. La jeune femme de 31 ans, infirmière à Paris, n’est « pas plus sportive que la moyenne ». Pourtant, lundi, à l’aube, elle s’est introduite avec huit autres militants de Greenpeace dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube.

« A peine 15 minutes pour passer les grillages »

« Les gens ont l’impression que nous sommes des cadors physiques. Pas du tout », confie-t-elle en évoquant les profils de certains de ses compagnons d’intrusion: une étudiante de 22 ans, un retraité d’une soixantaine d’année, avec qui elle est resté cachée à l’intérieur de la centrale, une ergothérapeute, une autre retraitée…

« Et c’est bien là ce qui est effrayant », soupire-t-elle en évoquant la « facilité » avec laquelle ils sont entrés, sans grande préparation. « A peine quinze minutes pour passer les grillages », et, aux environs de 6h du matin, le groupe d’activistes était à l’intérieur de la centrale, « sans voir de gardes ». S’ensuivent presque cinq heures à jouer au chat et à la souris avec les gendarmes, puisqu’Alice n’a été interpellée qu’à 10h50.

« J’étais cachée entre les deux réacteurs, avec un autre militant. Nous étions allongés par terre, à même le sol, dissimulés par des buissons. On a entendus les gendarmes tourner un moment autour de nous. Et c’est le GIGN qui a fini par nous trouver. Mais tout de même, très longtemps après l’intrusion. »

L’explication selon laquelle la sécurité les aurait laissés faire, elle n’y croit pas. « Pendant deux heures avant qu’ils ne nous trouvent, j’entendais les gendarmes dire ‘Mais où est-ce qu’ils sont ?’ S’il était si simple de nous trouver rapidement, pourquoi ne l’ont-ils pas fait? »

Conséquences judiciaires

Une fois trouvée, elle a été emmenée à la gendarmerie de Nogent-sur-Seine, pour une garde à vue plus longue que prévue. « On nous avait d’abord annoncé une sortie le soir même. Mais au dernier moment, le programme a changé. Nous ne sommes sortis que le lendemain matin, pour passer devant le procureur. » Libre mais sous contrôle judiciaire, elle n’a « plus le droit de s’approcher des centrales », sourit-elle. Et ce jusqu’au procès, prévu en janvier.
A-t-elle eu peur ? « Oui, bien sûr. Ce n’est pas une partie de plaisir de passer au-dessus de barrières électriques et de passer à côtés de réacteurs nucléaires. » Quant aux conséquences judiciaires, de l’amende à la prison ferme, elles les connaissaient avant de mener l’action. « Evidemment, si je peux éviter d’aller en prison, c’est mieux. Mais mon casier judicaire est moins important qu’une catastrophe nucléaire, non? »

Les motivations d’Alice sont claires. « Nous avons ouvert un débat, montré de graves dysfonctionnements dans la sécurité des centrales nucléaires. Et si personne ne fait rien, comment savoir autrement que par ce type d’actions ? Si un jour j’ai des enfants, je ne veux pas qu’ils connaissent une catastrophe nucléaire. » Sans connaître les détails, sa famille sait qu’elle milite depuis quatre ans à Greenpeace. Reste à leur annoncer que c’était elle, lundi, qui est entrée au coeur de la centrale.

Lucie Soullier

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