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En 27 ans, la grande barrière de corail a perdu la moitié de son récif

Les cyclones tropicaux de forte intensité – 34 au total depuis 1985 – sont responsables de près de la moitié (48%) de la dégradation de la Grande barrière. Une étoile de mer invasive et le réchauffement climatique sont également un danger pour les coraux.

L’Australie néglige ses récifs coraliens. La Grande barrière de corail en Australie a perdu plus de la moitié de ses prairies coralliennes au cours des 27 dernières années, a révélé mardi une étude australienne, publiée dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences. En cause notamment: les tempêtes, la prédation d’étoiles de mer et le réchauffement climatique.

Et le récif pourrait continuer à se détériorer dans les mêmes proportions d’ici à 2022 si rien n’était fait pour le protéger, s’inquiètent les scientifiques de l’Australian Institute of Marine Science (Institut océanographique d’Australie, AIMS) et de l’université de Wollongong (Etat de Nouvelle-Galles du Sud).
Une perte d’habitat pour des dizaine de milliers d’espèces marines.

Les cyclones tropicaux de forte intensité – 34 au total depuis 1985 – sont responsables de près de la moitié (48%) de la dégradation de la Grande barrière, suivis par l’acanthaster pourpre (42%), une étoile de mer invasive également appelée « couronne d’épines », qui dévore les coraux. Enfin, deux épisodes graves de blanchiment en 1998 et 200inv2 liés au réchauffement des océans ont également eu « un impact néfaste important » sur les portions centrales et septentrionales du récif, précise l’étude.

Les chercheurs, qui ont compilé 2258 études scientifiques conduites depuis près de trois décennies sur ce phénomène, estiment que « La perte de la moitié de la couverture corallienne originelle est une source de grande préoccupation car elle est synonyme de perte d’habitat pour des dizaines de milliers d’espèces » marines.

Toutefois, Hugh Sweatman, le co-auteur de l’étude, affirme que le corail pourrait se reconstituer. « Mais la reconstitution prend entre 10 et 20 ans. Actuellement, les intervalles de temps entre les nuisances sont en général trop courts pour une reconstitution complète et c’est ce qui entraîne les pertes à long terme », explique-t-il.

Des efforts doivent être fait en Australie

Suite à la publication de cette étude, l’Australie a admis mercredi sa « négligence » dans la préservation de la Grande barrière de corail. Tony Burke, le ministre de l’Environnement, s’est exprimé sur un plateau de la chaîne publique ABC: « J’imagine que l’étude a fait l’effet d’une onde de choc dans beaucoup de foyers » en Australie. D’après lui, le gouvernement de centre-gauche aux affaires a pris des mesures de conservation mais « il ne fait aucun doute qu’il y a eu des négligences depuis des décennies ».

Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1981, la Grande barrière s’étend sur environ 345.000 km2 le long de la côte est australienne, et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde avec 3000 « systèmes » récifaux et des centaines d’îles tropicales. Elle abrite 400 espèces de coraux, 1500 espèces de poissons, 4000 espèces de mollusques et de nombreuses espèces en danger comme le dugong et la grande tortue verte. Les millions d’algues qui lui donnent ses couleurs, ne supportent pas l’élévation en cours de la température de l’eau. Une fois les micro-algues mortes, le corail se décolore et meurt de faim, se transformant en un squelette calcaire

Des pertes écologiques et économiques

Les récifs coralliens génèrent des dizaines de milliards de dollars de revenus touristiques chaque année dans le monde et l’enjeu de leur préservation est autant écologique qu’économique, a souligné Tony Burke. « C’est pourquoi nous avons la responsabilité de bien nous en occuper, et cette étude est un brusque rappel que nous ne pouvons pas simplement laisser les choses en l’état, a-t-il affirmé.

Les deux-tiers des pertes coralliennes ont été observées depuis 1998. Le rythme des dégâts s’accélère et seuls trois des 214 récifs étudiés sont intacts. « Le contrôle du réchauffement mondial et de l’acidification des océans est primordial pour l’avenir de la Grande barrière » conclut l’étude. A court terme, les efforts doivent être portés sur la lutte contre l’acanthaster dont la prolifération est alimentée par les nitrates agricoles rejetés en mer qui favorisent l’apparition d’algues servant à la ponte de l’étoile précise John Gunn, le directeur de l’AIMS.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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