Une image satellite montrant un température au-dessus de la moyenne (rouge-orange) de la surface des océans, laissant présager un El Niño particulièrement fort. © BELGA

El Niño est de retour

El Niño fait son grand retour. L’ONU a averti mi-novembre, à Genève, que l’épisode actuel était l’un des plus puissants à avoir été observé depuis 1950, avec, comme en 1982 et 1997, des perturbations climatiques importantes et des répercussions économiques au niveau mondial.

A quelques jours du COP 21, les problèmes climatiques s’enchaînent et un nom revient sur toutes les lèvres: El Niño, que l’on peut traduire par « l’enfant », voire même « l’enfant Jésus », étant donné que ce phénomène apparaît généralement à l’époque de Noël.

Au départ, El Niño est un courant côtier saisonnier chaud, passant au large du Pérou et de l’Équateur. Au fil du temps, cette appellation s’est généralisée et désigne actuellement tout phénomène climatique particulier, qui marque donc une différence avec le climat habituel, et qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau de l’océan Pacifique.

Selon Éric Guilyardi, directeur de recherche du CNRS à l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL) et cité par le site de Sciences et Avenir : « Tout indique que cet épisode va connaître un pic d’activité au coeur de l’hiver avant de s’effacer progressivement au printemps 2016. Ce sera un événement extrême, semblable à ceux enregistrés en 1982-1983 et 1997-1998. »

« Les observations et les prévisions ont amené les organismes météo à prévenir les États pour qu’ils se préparent à des événements majeurs », prévient-il encore.

En effet, depuis quelque temps, les événements annonciateurs d’un El Niño 2015 se multiplient. Tout d’abord, il y a l’augmentation de la température en surface de l’eau de l’Océan Pacifique. Mais parallèlement à cela, les eaux australiennes et celles d’Asie du Sud-Est se refroidissent… Ce refroidissement empêche dès lors la formation de masses pluvieuses alors que le réchauffement du Pacifique provoque lui plus de vapeur d’eau et donc une augmentation des précipitations. Or ces modifications climatiques sont à la base de la formation de typhons en Asie du Sud-Est et des ouragans dans le Pacifique Nord-Ouest. Deux types de catastrophes climatiques en augmentation ces derniers mois, et qui avaient déjà été observés lors El Niño précédents.

De plus El Niño a des incidences bien plus lointaines vu qu’il perturbe aussi la mousson indienne. Cette forte diminution des précipitations saisonnières a un impact important sur les récoltes de riz et donc sur l’économie indienne en particulier, mais aussi en général sur l’économie mondiale. Car si les récoltes indiennes de riz sont moins importantes, le cours du riz augmentera partout dans le monde. Le Brésil subirait également un impact négatif sur ses récoltes.

Sans compter que ce réchauffement signale en général la fin de la saison de pêche, or le Pérou, pays également touché habituellement par El Niño, est un des premiers fournisseurs d’anchois au monde, sa pêche représente environ 30 % des farines de poissons dont a besoin l’aquaculture mondiale.

Néanmoins, la bonne nouvelle, c’est que grâce à ces dérèglements climatiques, l’activité cyclonique au sud des Etats-Unis sera bien plus faible.

Mais si tout laisse à croire qu’El Niño est de retour, les spécialistes climatiques se veulent, à défaut d’être rassurants, au moins prudents. Ce phénomène est extrêmement complexe et impossible à prévoir avec certitude, car nous ne le maîtrisons pas encore. On pourrait donc encore lui échapper.

(source: Sciences et Avenir)

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