Marie-Christine Marghem, ministre de l'Energie, de l'Environnement et du Développement durable (MR). © BELGA/Eric Lalmand

Effort climatique: les Régions et le fédéral aboutissent (enfin) à un accord

Les quatre ministres de l’Energie et de l’Environnement ont abouti vendredi soir à un accord sur la répartition de l’effort climatique à produire d’ici 2020, ont-ils annoncé. Cet accord porte sur la réduction des de gaz à effet de serre, la production d’énergie renouvelable, le produit des enchères de quotas CO2, et l’engagement sur le financement international.

L’accord conclu au sein de la Commission nationale du Climat est le résultat de longues discussions entamées en janvier 2015, après des tentatives infructueuses sous les législatures précédentes. Pour atteindre l’objectif belge de réduction de gaz à effet de serre, les Régions réduiront d’ici 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre de 15,7% pour la Flandre, de 14,7% pour la Wallonie et 8,8% pour Bruxelles. La Belgique s’est engagée à atteindre un niveau de 13% d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie brute en 2020. En valeur absolue, l’engagement pour la Flandre s’élèvera à 2,156 tonnes d’équivalent pétrole (Mtep), à 1,277 Mtep pour la Wallonie, à 0,073 Mtep pour Bruxelles et à 0,718 Mtep pour le pouvoir fédéral.

Pour ce qui est des enchères de quotas CO2, les 326 millions d’euros disponibles seront répartis à 10% pour Fédéral, 53% pour la Flandre, 30% pour la Wallonie et à 7% pour Bruxelles. Pour ce qui est des enchères à venir jusqu’en 2020, le fédéral recevra 9,05%, la Flandre 52,76%, la Wallonie 30,65% et Bruxelles 7,54%. L’engagement sur le financement international s’élève à 50 millions d’euros, dont 25 millions seront assumés par le fédéral, 14,5 millions par la Flandre, 8,25 millions par la Wallonie et 2,25 millions par Bruxelles.

Remerciant chacun de ses collègues et partenaires de négociation, la ministre bruxelloise Céline Fremault (cdH), qui préside actuellement la Conférence nationale sur le climat, n’a pas caché sa satisfaction de voir ce dossier aboutir et la capacité collective d’entendre les préoccupations de chacun par rapport aux dernières discussions. « Nous retrouvons à présent une place légitime à la table des négociations internationales pour tracer les contours d’un accord international ambitieux », a-t-elle ajouté.

« Un compromis équilibré »

Comme celle-ci, le ministre wallon Paul Furlan (PS) a souligné qu’entre les quatre négociateurs, l’entente avait toujours été franche et animée de la volonté d’aboutir. « L’accord permettra de faire baisser la température intra-belge des deux degrés nécessaires », a-t-il ironisé, dans une allusion à peine voilée aux péripéties survenues au cours des négociations des dernières semaines.

Pour le gouvernement fédéral, Marie-Christine Marghem (MR) a remercié la présidente de la conférence pour le travail « franc, constructif et honnête » réalisé au cours des négociations. La ministre fédérale n’a pas caché que la session de négociations avait été longue et compliquée dans un dossier qui ne l’est pas moins et dans le contexte institutionnel belge. Mais à ses yeux, le plus important est de pouvoir se rendre à Paris avec un accord qui, « sans être la huitième merveille du monde », était important pour les ministres autour de la table, les gouvernements mais aussi pour tous les Belges. Heureuse que la Belgique puisse « enfin avoir un accord », chacun ayant « mis de l’eau dans son vin », Joke Schauvliege (CD&V) a estimé qu’un « compromis équilibré » avait pu être atteint.

Un accord « ambitieux et équilibré », selon Geert Bourgeois

Le ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA) s’est réjoui de la conclusion vendredi de cet accord sur la répartition de l’effort climatique qu’il a qualifié d' »ambitieux et équilibré ». S’exprimant auprès de l’agence BELGA, ce dernier a même osé le qualificatif « historique » après des années de tentatives infructueuses. « Il fallait arriver à un tel accord et nous sommes arrivés à un accord équilibré en dépit des critiques », a-t-il précisé.M

ercredi dernier, le ministre-président N-VA appelait encore à obtenir plus de garanties à propos de l’énergie renouvelable. Ces garanties ont été obtenues, a-t-il souligné vendredi et l’accord est « parfaitement défendable ». Le texte est également « ambitieux pour la Flandre », a-t-il fait observer. « Nous voulons nous engager en matière d’énergie renouvelable. Ainsi, voulons-nous passer de 380 à 500 éoliennes d’ici 2020. Et si cela ne dépend que de moi, on peut même miser sur 600 ».

Geert Bourgeois a tenu à féliciter tous les protagonistes et particulièrement la ministre CD&V de son gouvernement Joke Schauvliege qui avait été quelque peu déshabillée par le partenaire N-VA après une première tentative d’accord. « On a travaillé intensément. Cet accord devait aboutir. Je ne suis pas d’accord avec les critiques qui nous ont visés. Pendant six ans, il n’y a pas pu y avoir d’accord. A présent, il y a un accord sur la table qui est parfaitement défendable ».

Une faible traduction des objectifs européens (Greenpeace)

L’accord belge conclu est tout sauf ambitieux et n’est qu’une traduction minimaliste des objectifs européens en matière d’énergies renouvelables et d’émissions de CO2 pour 2020, estime l’organisation environnementaliste Greenpeace-Belgique. « Et même ces objectifs-là, la Belgique pourrait ne pas les atteindre », souligne-t-elle.

« La Belgique a agi comme un élève désintéressé qui remet un travail uniquement parce qu’il a été sommé de le faire. Nos ministres se sont rendus ridicules au niveau international: il leur a fallu des années pour finalement accoucher d’un accord climatique qu’on ne peut que qualifier de faible », a commenté la chargée de campagne ‘Climat’ à Greenpeace Belgique, Juliette Boulet, ancienne députée fédérale Ecolo.

« Réduire les émissions de CO2 est un geste positif pour notre santé, notre portefeuille et l’avenir de nos enfants. Mais nos ministres continuent à voir la politique climatique comme un fardeau. Chacun essaie de s’en débarrasser autant que possible », juge-t-elle. « Le véritable travail commence maintenant », conclut-elle.

L’ONG rappelle qu’une étude réalisée notamment à sa demande montre que d’ici 2020, la Belgique pourrait produire 33% de son électricité au départ de sources renouvelables, voire 54% d’ici 2030.

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