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Durban : l’UE salue « une percée historique », les ONG amères

L’UE a salué ce dimanche la « percée historique » réalisée lors des négociations qui ont abouti à Durban à une feuille de route vers un accord en 2015. Plusieurs ONG sont loin de partager cet enthousiasme accusant les Etats-Unis, entre autres, d’avoir « traîné les pieds du début à la fin. »

« L’Union européenne salue l’accord obtenu à la conférence de l’ONU sur le changement climatique comme une percée historique dans la lutte contre le changement climatique », indique un communiqué publié à Bruxelles ce dimanche par la commission européenne.

« La stratégie de l’Union européenne a fonctionné. Quand de nombreuses parties avaient dit après le précédent sommet de Cancun que Durban pourrait seulement appliquer les décisions prises à Copenhague et Cancun, l’UE souhaitait plus d’ambitions. Et a obtenu plus », s’est réjouie la commissaire européenne Connie Hedegaard, citée dans le communiqué.

Le ministre polonais de l’Environnement, Marcin Korolec, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a également salué un « succès significatif » pour l’Europe et pour le monde.

« Malgré ses insuffisances, l’accord de Durban est un soulagement après un processus de dramatisation de plus de deux jours supplémentaires qui aurait pu déboucher sur un échec total », soulignent de leur côté Jean-Michel Javaux, co-président d’Ecolo, Eric Jadot, député fédéral et Kristof Calvo, député fédéral Groen!.

Si, face aux enjeux du dérèglement climatique, « l’accord conclu à Durban est évidemment très largement insuffisant », il n’en reste pas moins « un jalon important », ajoutent-ils, en saluant notamment la prolongation du protocole de Kyoto ainsi que la mise en place d’un Fonds vert de 100 milliards d’euros.

« Les pays participants à la Conférence de Durban, dont les pays reconnus pour être les principaux émetteurs de CO2 (Chine, Inde, Etats-Unis), se sont également engagés à se soumettre en 2015 à un traité juridiquement contraignant en matière climatique, ce qui était la principale revendication de l’Union européenne et de la délégation belge. »

Selon les écologistes belges, les accords de Durban devront désormais être traduits concrètement dans les faits pour prendre tout leur sens. « D’ici là, il importe surtout que chaque pays engagé par l’accord se montre cohérent dans ses politiques nationales en matière climatique », affirment-ils enfin, en appelant l’Etat fédéral à développer « des politiques plus volontaristes dans ses compétences, et l’Union européenne à renforcer sans attendre son ambition climatique. »

« Une énorme déception »
Loin de partager cet avis, plusieurs organisations ont fustigé l’accord obtenu. « On peut résumer Durban à une énorme déception. Mais la faute de ce retard pèse directement sur les épaules des Etats-Unis et d’autres pays comme le Canada, le Japon et l’Australie qui ont traîné les pieds du début à la fin », a indiqué Céline Charveriat, directrice des campagnes d’Oxfam.

Pour Greenpeace Belgique, le résultat est également insuffisant : « A ce stade, il n’y a finalement rien d’autre de concret qu’un accord sur des engagements volontaires. On remet une nouvelle fois à plus tard les décisions qui s’imposent en oubliant que chaque année de retard nous rapproche de changements climatiques majeurs aux conséquences dramatiques ».

« Le Fonds Vert pour le Climat reste une coquille vide »
Quant à l’ONG environnementale Inter-Environnement Wallonie, elle considère que le niveau d’ambition des réductions d’émission à l’horizon 2020 reste inadéquat. « Le Fonds Vert pour le Climat, créé à Cancun pour canaliser les financements vers les pays du Sud, a certes été opérationnalisé mais il reste une coquille vide faute de décision sur les sources de financement », a regretté Cécile de Schoutheete, chargée de mission Energie et Climat pour l’ONG, également présente à Durban.

L’Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, se dit donc satisfaite, alors qu’elle a dû se contenter d’un texte laissant en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique.

Levif.be, avec Belga

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