© Reuters

COP21: Un accord sur « 1,5 ou 2°C, cela fait une grosse différence pour des centaines de millions de personnes »

Alors qu’il semble de plus en plus probable que l’accord de Paris mentionnera, d’une manière ou d’une autre, l’objectif d’une limitation à 1,5°C de la hausse de la température mondiale par rapport à l’ère pré-industrielle, la différence entre un réchauffement d’1,5°C et une hausse du mercure de 2°C, est « fondamentale pour l’existence même de millions de personnes », estime le climatologue, professeur à l’UCL et ancien vice-président du Giec, Jean-Pascal van Ypersele.

Les négociations en cours entre 195 pays au Bourget, au nord de Paris, doivent permettre la conclusion d’un accord climatique mondial censé limiter à maximum 2°C le réchauffement global par rapport à la période pré-industrielle.

La dernière version du projet d’accord de Paris, présentée mercredi après-midi, évoque trois options de limitation de la hausse du mercure: « au-dessous » de 2°C, « bien au-dessous » de 2°C et « au-dessous » d’1,5°C.

La différence entre 1,5 et 2°C représente sur le long terme « plusieurs mètres dans l’élévation du niveau des mers », observe Jean-Pascal van Ypersele. Outre la fonte des calottes glaciaires, qui fait augmenter le niveau des océans, « l’expansion thermique » due au réchauffement des eaux du globe a également un impact significatif. Jean-Pascal van Ypersele souligne également que dans son dernier rapport, le Giec (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a estimé que le seuil de disparition à long terme de la calotte de glace du Groenland se situe dans une fourchette de hausse de la température mondiale située entre +1 et +4°C.

A terme, la partie ouest de l’Antarctique serait également menacée. « Or, nous sommes déjà, en 2015, à +1°C », pointe le scientifique belge. Contenir la hausse à 1,5°C diminuerait donc, par rapport au scénario de +2°C, le risque d’une disparition, à long terme, des glaces du Groenland.

Concernant l’agriculture, plusieurs variétés de cultures, surtout dans les pays tropicaux, se trouvent aujourd’hui à moins d’1°C d’un niveau où leurs rendements baisseraient sensiblement. « Se rapprocher de ce seuil, c’est prendre des risques majeurs avec la sécurité alimentaire de l’humanité », avertit encore le climatologue. « 1,5 ou 2°C, cela fait une grosse différence au point de vue de l’habitabilité de la planète et des conditions de vie de centaines de millions de personnes », résume M. van Ypersele.

Le climatologue attire encore l’attention sur le fait que le dernier rapport du Giec ne juge pas impossible d’atteindre l’objectif d’1,5°C. Le Giec a aussi calculé, avec un niveau de probabilité de 66%, que pour rester sous les 2°C, l’humanité ne disposerait plus d’un budget de 1.000 milliards de tonnes de CO2, ce que d’aucuns appellent le « budget carbone ».

Un objectif plus ambitieux impliquerait un budget carbone moins élevé de plusieurs centaines de milliards de tonnes de CO2. « Pour 1,5°C, il faut réduire les émissions encore plus vite et en commençant encore plus tôt », conclut le professeur de l’UCL.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire