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Climat : 2015, la pire année de l’histoire moderne

Le Vif

Les températures, la montée des eaux et les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux records l’an dernier, faisant de 2015 la pire année de l’histoire moderne pour une série d’indicateurs clé, révèle mardi un rapport international de référence.

Recul des glaces, sécheresse, inondations… c’est un sombre portrait de la Terre que dresse le rapport annuel sur l’état du climat (« State of the Climate »), un document de 300 pages auquel ont participé 450 scientifiques du monde entier.

« Plusieurs marqueurs, comme les températures au-dessus des terres et à la surface des océans, le niveau de la montée des mers et les émissions de gaz à effet de serre ont battu des records établis juste l’année précédente », soulignent ces scientifiques.

« Clairement, le rapport sur 2015 montre non seulement que les températures sur la planète augmentent, et que tous les symptômes qui y sont liés s’aggravent aussi », a dit Thomas Karl, directeur de l’Agence nationale océanique et atmosphérique (NOAA).

Une évolution qui devrait se confirmer cette année, puisque les six premiers mois de 2016 ont été de loin les plus chauds sur le globe, selon de récentes données des climatologues de la Nasa.

Le phénomène météorologique El Nino, particulièrement vigoureux en 2015, a « exacerbé » la tendance au réchauffement l’an dernier, ajoutent les experts.

« Sous l’effet combiné d’El Nino et d’une tendance à long terme au réchauffement, la Terre a enregistré des records de chaleur pour la seconde année consécutive ».

– Pluie de records –

Les concentrations de trois des principaux gaz à effet de serre –dioxyde de carbone (CO2), méthane et protoxyde d’azote– ont « atteint de nouveaux sommets en 2015 », indique le rapport, qui s’appuie sur des dizaines de milliers de relevés tirés de nombreuses bases de données indépendantes.

A Hawaï, sur le volcan de Mauna Loa, la concentration de dioxyde de carbone a enregistré en moyenne annuelle « la plus forte augmentation depuis le début des relevés il y a 58 ans ».

Sur l’ensemble de la planète, le CO2 a frôlé la limite symbolique de 400 parties par million (ppm) en 2015, atteignant 399,4 parties par million (ppm), soit une hausse de 2,2 ppm par rapport à 2014.

Et « 2016 va facilement surpasser cette marque », anticipe Jessica Blunden, de la NOAA.

Le niveau des eaux a atteint son plus haut point, avec quelque 70 millimètres de plus que la moyenne enregistrée en 1993.

Il monte graduellement autour de la Terre, avec une poussée d’environ 3,3 millimètres par an, selon le rapport, mais la hausse est plus rapide en certains points du Pacifique et de l’océan Indien.

Et cela risque d’accélérer dans les prochaines décennies, à mesure que les glaciers et les calottes glaciaires fondront, menaçant la vie de millions d’habitants sur les côtes.

L’année 2015 a aussi été marquée par une saison des pluies plus abondante que la moyenne qui a provoqué de graves inondations.

Des sécheresses sévères ont également frappé, affectant des superficies presque deux fois plus importantes en 2015 que l’année précédente (14%, contre 8% en 2014).

– Propagation d’algues –

Zone particulièrement sensible au changement climatique, l’Arctique a continué de se réchauffer.

« La température à la surface des terres de l’Arctique a retrouvé les niveaux enregistrés en 2007 et 2011, soit des records depuis le début des relevés au début du XXe siècle, avec une augmentation de 2,8 degrés Celsius depuis cette époque », selon les scientifiques.

A l’inverse, les températures ont été plus froides dans l’Antarctique.

Partout dans le monde, le recul des glaciers dans les massifs de type alpin s’est poursuivi pour la 36e année de suite.

Les eaux plus chaudes ont elles aggravé la propagation d’algues qui a affecté l’été dernier une importante zone du Pacifique nord, allant de la Californie jusqu’en Colombie-Britannique, au Canada, avec des « effets significatifs sur la vie marine, les ressources côtières et les habitants qui dépendent de ces ressources ».

La saison des ouragans dans l’Atlantique a été particulièrement modérée pour la deuxième année de suite, là encore en grande partie affectée par El Nino, bien que le nombre de cyclones tropicaux « ait été bien au-dessus de la moyenne globalement ».

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