L'axolotl. © Belga

Axolotl : un petit monstre en danger d’extinction

Le Vif

L’axolotl mexicain, « monstre aquatique » en langue nahuatl, objet de la curiosité scientifique pour sa capacité à régénérer des organes endommagés comme l’oeil ou le cerveau, est menacé d’extinction en raison de la pollution de son habitat à Xochimilco, zone lacustre du sud de Mexico.

Cette petite créature,Ambystoma mexicanum, qui peut atteindre 30 centimètres vit, se reproduit et meurt entre 10 et 20 ans en étant toujours à l’état de larve. La couleur de cette petite salamandre qui refuse la métamorphose peut aller du blanc laiteux au noir d’encre, en passant par le vert olive. L’axolotl peut pondre jusqu’à 1.500 oeufs par quatre fois par an.

L’animal fascine les biologistes qui étudient sa programmation cellulaire lui permettant une forte résistance au cancer et la possiblité de récréer certaines parties de son cerveau ou de se regénérer un oeil.

Mais c’est une espèce en risque de disparition. On ne trouve maintenant que 0,3 axolotl par kilomètre carré contre 1.000 en 1996, selon un relevé réalisé cette année par l’Université nationale autonome du Mexique (Unam) dans les labyrinthes aquatiques de Xochimilco. Cela est dû à la « mauvaise qualité de l’eau », polluée par les eaux usées de la mégalopole, les pesticides déversés par les cultivateurs locaux et les déchets laissés par les milliers de touristes qui visitent ce quartier, vestige de Tenochtitlan, le Mexico de l’ère préhispanique, explique Cristina Ayala, experte en sciences biologiques.

A cela s’ajoute l’introduction depuis les années 70 de milliers de poissons destinés à la pêche, comme la carpe de Chine ou le tilapia d’Afrique. Ils adorent les oeufs de l’axolotl et sont un rude concurrent pour son alimentation.

Selon la mythologie aztèque, l’axolotl est la dernière incarnation du dieu du feu Xolotl, le seul qui ait refusé de se sacrifier pour mettre en mouvement le Cinquième Soleil, l’ère de la création de l’homme.

Dans le monde des mortels, un groupe de scientifiques de l’Unam a mis en place, sous les auspices de l’université britannique du Kent, un projet pour tenter de sauver l’animal. Il s’agit d’essayer de convaincre les agriculteurs locaux d’abandonner l’utilisation des pesticides et l’aquaculture d’espèces étrangères, pour que l’axolotl puisse de nouveau se développer dans un environnement favorable. En échange, on donnerait aux produits agricoles locaux une certification écologique, avec la valeur ajoutée que cela peut signifier sur le marché.

Pour le moment, trois canaux expérimentaux de Xochimilco ont permis la reproduction d’une centaine d’animaux, explique Horacio Mena, coordinateur du projet, qui inclut un élevage en laboratoire. La localisation de ces « refuges » est gardée secrète afin d’éviter le vol d’axolotl pour le revendre comme animal domestique ou pour la confection de potions médicales.

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