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Autoriser des abattages de loups renforce le braconnage

Le Vif

Autoriser des abattages de loups afin d’éviter le braconnage de l’animal se révèle contre-productif, souligne une étude parue mercredi, qui montre que cela peut au contraire encourager la chasse illégale.

L’étude, qui s’est penchée sur 15 ans de pratique dans les Etats américains du Minnesota et du Wisconsin, questionne ainsi une méthode souvent prônée pour préserver les populations de grands animaux tout en limitant leur impact.

Selon ses conclusions, quand des abattages ont été autorisés, le braconnage persiste et même empire, ce qui conduit à une augmentation du nombre total de bêtes tuées illégalement.

« Pour la première fois, notre étude quantifie » cette corrélation entre chasse légale et braconnage, explique à l’AFP Guillaume Chapron, de la Swedish University of Agricultural Sciences. « Elle montre que quand le gouvernement a autorisé des abattages, la croissance de la population de loups a été réduite de 25% à cause du braconnage ».

Depuis des décennies, les pouvoirs publics, en Europe comme aux Etats-Unis, ont autorisé l’abattage sous contrôle de loups, d’ours, de félins ou d’autres espèces protégées, espérant ainsi améliorer leur cohabitation parfois difficile avec l’homme et mieux les préserver.

Par exemple, début 2016, le service américain de protection de la faune sauvage prônait un nouveau statut pour les grizzlies du parc de Yellowstone: autoriser des tirs permettrait d' »accroître la tolérance et l’acceptation de ces ours au niveau local et de réduire le braconnage, » plaidait l’administration.

Pour leur étude, Guillaume Chapron et son collègue Adrian Treves, de l’Université du Wisconsin, ont passé en revue toutes les hypothèses pouvant expliquer pourquoi les abattages légaux conduisaient à une telle réduction des cheptels. Ils ont notamment exclus l’hypothèse du déclin démographique.

« La seule explication plausible restait la chasse illégale, le braconnage », conclut M. Chapron.

Pourquoi cette recrudescence du braconnage? aux chercheurs en sciences sociales d’y répondre, répond-il.

Selon certaines recherches, l’autorisation des abattages peut donner l’impression que les animaux n’ont pas vraiment besoin d’être protégés. « Peut-être le braconneur pense-t-il ‘OK, l’Etat tue les loups, pourquoi ne pourrais-je pas le faire moi-même?’, » suggère Guillaume Chapron.

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