40 idées géniales pour vaincre le réchauffement climatique (1/5)

La 21e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) a pour objectif d’engranger un nouvel accord mondial pour lutter contre le réchauffement. Loin des grand-messes internationales, c’est sur le terrain que la bataille est engagée depuis longtemps. Pleins feux sur 40 initiatives prometteuses. Ce dimanche, huit idées géniales dans l’agriculture et l’agroalimentaire.

1. Une vaisselle à dévorer

« Et si on inventait de la vaisselle comestible ? », a lancé l’un deux devant les monceaux de déchets plastiques gisant après un festival. Ainsi a débuté l’aventure. Hélène Hoyois et Thibaut Gilquin, deux jeunes entrepreneurs belges, ont créé et commercialisé les premières verrines comestibles, sous le nom de Do eat. En forme de tulipe, de pirogue, de lotus ou de cuillère, elles sont fabriquées dans un atelier protégé à Tertre, au départ de pommes de terre cultivées chez nous (et aux Pays-Bas). « Et nous avons la certification bio depuis le mois d’août », précise Thibaut.

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Fondée en 2013, cette start-up belge gravit les échelons du succès. Outre trois emplois créés, 250 000 de ces verrines ont déjà été écoulées en Belgique et à Paris. Le projet est soutenu par le chef doublement étoilé Sang-Hoon Degeimbre (L’air du Temps). Sur les tables qu’il dresse à l’étranger, ses mise en bouches reposent souvent dans les verrines comestibles Do eat. Prochaine étape, la fabrication à large échelle de prototypes d’assiettes et de bols comestibles. « L’épaisseur de nos contenants n’excède pas un millimètre. Malgré cela, ils parviennent à supporter des aliments froids et chauds grâce à un imperméabilisant naturel de notre invention. Ils ont même brillamment passé le test de la soupe chaude aux tomates, le pire aliment en termes d’acidité, indique Thibaut Gilquin. C’est toute la vaisselle que l’on veut repenser. »

L. Th.

2. L’eau mangeable, alternative à la bouteille plastique

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Chaque année, 89 milliards de bouteilles d’eau en plastique sont vendues à travers le monde. Elles mettent des dizaines d’années à se décomposer et il faut beaucoup d’énergie pour les produire. C’est pour lutter contre ce problème que la start-up londonienne Skipping Rocks a développé une alternative étonnante : une capsule conçue à partir d’algues comestibles et assez résistante pour stocker de l’eau. Ce procédé permet de consommer la capsule en suçant l’eau ou en mangeant l’emballage. Baptisé Ooho !, le matériau forme des sphères de différentes tailles. Il protège hygiéniquement le liquide contenu et sa production ne coûterait que 24 cents l’unité. Skipping Rocks vient d’obtenir un coup de pouce de l’Institut européen pour l’Innovation qui devrait lui permettre de lancer la production.

Ph. B.

3. Des scarabées pour nourrir le bétail

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Aujourd’hui, 70 % de la surface agricole mondiale est utilisée soit en pâturage soit pour la production de céréales destinées à nourrir le bétail. Principalement composée de farine et huile de poissons, de soja et de céréales, l’alimentation à destination de l’élevage et de la pisciculture devrait voir sa production augmenter de 70 % à l’horizon 2050, avec une contribution majeure à la dégradation des écosystèmes. En cause, le doublement de la production de viande pour satisfaire l’appétit de près de 9 milliards d’individus. La start-up française Ynsect propose de troquer les céréales contre des insectes, plus précisément des scarabées, reconnus pour leur haute valeur protéinique.

« Nous voulons répondre aux gros enjeux de l’alimentation de demain, embraie Antoine Hubert, son président. Ce type de nourriture peut être une vraie solution écologique. En Europe, il n’est autorisé de donner des farines d’insectes aux animaux domestiques. Mais nous avons bon espoir que les farines d’insectes soient prochainement autorisées pour l’alimentation des poissons puis des animaux d’élevage comme les vaches ou les cochons. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) mène actuellement une instruction sur le sujet. » L’entreprise a investi 11 millions d’euros dans un labo de recherche et un démonstrateur qui sera installé à Dole (Jura) et devrait fonctionner au premier trimestre 2016. « Ynstitute est le premier centre de R&D sur les insectes et la chimie verte. Nous serons les premiers à apporter une offre d’insectes à une échelle industrielle et en qualité alimentaire », affirme Antoine Hubert.

M. L.

4. La périphérie liégeoise, garde-manger de la ville

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Le terreau associatif est fertile en région de Liège. En 2012, une poignée de citoyens a créé la Ceinture aliment-terre liégeoise. Objectif : parvenir, à l’horizon 2035, à nourrir 50 % de la population de la ville en aliments sains produits dans ses alentours. Pour cela, il faut une nouvelle filière économique axée sur l’entraide soutenant les agriculteurs locaux. La coopérative Les compagnons de la terre est la première concrétisation professionnelle de cette utopie citoyenne. Après quelques tests à Tilff, une micro-ferme expérimentale sera mise sur pied à Blégny au début 2016. De quoi évaluer en grandeur nature le potentiel de leur modèle agroécologique novateur basé sur la diversité des activités et le circuit court. « Outre le maraîchage, la micro-ferme expérimentale comprendra du petit élevage, de l’arboriculture fruitière et des cultures de céréales, indique Christian Jonet, cofondateur. A l’horizon 2020, on veut y créer 20 emplois non délocalisables. » L’initiative sera mise en valeur à la COP21. (www.catl.be)

L. Th.

5. Le pouvoir du chanvre wallon

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Relancée en 2009 grâce à la coopérative Belchanvre (regroupant 80 agriculteurs), la culture du chanvre industriel (non psychotrope) couvre aujourd’hui 400 ha en Belgique. « L’idéal, dès l’an prochain, serait d’avoir 800 ha à cultiver, car la future usine de défibrage de Marloie fonctionnera en deux pauses », note Jean-Noël Degeye, entrepreneur à la base de ce projet. Avec un coût de 2 millions d’euros et la création de 6 emplois, ce dernier est assez ambitieux pour avoir fondé la SA BeHemp le 15 juillet dernier pour faire appel aux investisseurs privés. En captant du CO2 pour sa croissance, le chanvre est un puits de carbone. Et l’extérieur des tiges permet de réaliser des panneaux isolants écologiques à haute performance thermique et acoustique.

L. Th.

6. Un test de permaculture à grande échelle

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Le domaine de Graux, à Tournai, a converti ses 120 ha à l’agroécologie. Elisabeth Simon, sacrée femme entrepreneure de l’année en 2013, est à la tête de ce projet pionnier où elle expérimente la permaculture à grande échelle. Point de monoculture mais une mosaïque de petites parcelles de 2 ha séparées par 6 km de bandes herbeuses, favorisant les insectes utiles aux cultures. Le jeune verger conservatoire compte 320 fruitiers du terroir de 113 variétés différentes. Quelque 14 étangs ponctuent la propriété, tandis que les bosquets sont des refuges pour oiseaux de proie. La biodiversité foisonne. Elle repose sur un entrelacs d’écosystèmes de petite taille. « La production est la plus intense là où deux écosystèmes s’intersectent. Les mosaïques favorisent cela, souligne-t-elle. Mon projet est alimentaire : travailler avec la nature pour produire de la nourriture saine en quantité. »

L. Th.

7. Des bactéries pour remplacer les engrais chimiques

Agrostar est l’un des rares producteurs européens de micro-organismes à usage environnemental. Cette petite entreprise de biotechnologie néolouvaniste cultive des bactéries utiles pour le traitement des eaux usées et la fertilisation des cultures. « Nos bactéries servent de fertilisants naturels pour l’agriculture et l’horticulture. Elles permettent d’accélérer la transformation des matières organiques en nutriments pour les plantes, notamment dans des sols appauvris par l’usage intensif d’engrais chimiques. D’où une croissance plus rapide et un meilleur rendement des cultures, de façon 100 % naturelle », s’enthousiasme Dominique Beaudry, administrateur-délégué. En 2013, Agrostar a obtenu la certification pour l’utilisation de ses microorganismes en agriculture bio.

Ph. B.

8. Des drones au service des agriculteurs

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© Jean-Pierre Muller

La Société coopérative agricole de la Meuse (Scam) est la première en Belgique à avoir acquis en 2013 un drone spécialisé dans l’analyse des terrains agricoles. Il lui permet de connaître, mètre carré par mètre carré, les besoins en engrais d’une parcelle afin d’éviter les dégâts écologiques. « Certains agriculteurs utilisent les satellites pour avoir une vision globale de l’état d’une parcelle et cibler ses besoins. Mais leur précision est limitée et ils sont inopérants dès qu’il y a des nuages », commentait à SudPresse Erick Lebrun, responsable marketing chez Airinov, la société française qui développe ce produit. Le drone, lui, vole sous les nuages. Outre-Quiévrain, il a déjà conquis plusieurs milliers d’agriculteurs.

Ph. B.

Un dossier de Philippe Berkenbaum, avec Caroline Dunski, Morgan Liesenhoff, Julie Luong, Laetitia Theunis et Marie-Eve Rebts

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