Donald Trump, candidat républicain à l'investiture américaine, en meeting à Palm Beach (Floride), le 15 mars 2016. © AFP

Donald Trump ou l’apologie de la violence gratuite

Stagiaire Le Vif

Samedi 19 mars, un militant anti-Trump était roué de coups par un supporter adverse lors d’un meeting républicain organisé à Tuckson, Arizona. Un énième fait de violence devenu coutumier des récentes apparitions du candidat républicain, dont le discours violent et provocateur est pointé du doigt comme la cause de ces troubles.

Depuis le début des primaires américaines de 2016, Donald Trump mène une campagne électorale placée sous le signe de la violence. De verbale, à travers ses attaques répétées contre la concurrence, ses propos contre toutes les couches de la population ou ses dérapages xénophobes et racistes, elle est devenue physique, au fur et à mesure que ses militants ont décidé d’user des coups pour faire taire une opposition qui gronde.

Car, après des mois d’une ascension fulgurante au-devant de la scène politique, une partie de plus en plus grande des américains est en train de réaliser combien le « phénomène Trump » des débuts, moqué des médias comme de l’opinion publique, représente aujourd’hui une menace bien réelle tant pour l’image du pays que pour sa stabilité politique à moyen terme.

Soutenu par un électorat en majorité blanc et avide de changements, le milliardaire s’est forgé un statut de favori pour représenter le parti républicain aux prochaines élections présidentielles, ce que meme les membres éminents du GOP (Grand Old Party) ne voient pas d’un très bon oeil.

La tension monte

Le dernier fait de violence en date remonte au samedi 19 mars, lors d’un meeting organisé dans la ville de Tuckson, en Arizona. Deux manifestants ont fait irruption dans le public ; un homme affublé d’un t-shirt aux couleurs américaines, accompagné d’une femme portant une cagoule d’inspiration Klux-Klux-Klan. Une volonté d’associer Trump à l’idéologie du mouvement raciste qui n’a pas plu à l’un des militants présents. Au moment où le couple était emmené vers la sortie, le mécontent en question s’est jeté sur l’homme en le frappant violemment à plusieurs reprises. Une altercation (visible ci-dessous) que Donald Trump a justifiée en disant que l’agresseur « a été très, très offensé par le fait qu’un manifestant porte un costume du Ku Klux Klan ».

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« N’hésitez pas à cogner »

Quelques jours avant les faits, vendredi 11 mars, Trump avait dû renoncer à s’exprimer dans un meeting organisé à Chicago, où des groupes de sympathisants de Bernie Sanders, le candidat démocrate-socialiste, et des membres du mouvement antiraciste « Black Lives Matter » étaient présents pour perturber son déroulement. Un journée vécue de près par Rudi Rotthier, notre correspondant du Knack en Amérique du Nord.

La tension, déjà palpable avant l’arrivée du candidat à la Maison Blanche, a augmenté graduellement après l’annonce de l’annulation de son discours. Des échanges de coups ont eu lieu entre des étudiants, venus par centaines sur le campus du Pavilion pour protester, et le public présent. Les forces de l’ordre ont dû intervenir à de nombreuses reprises et procédé à des arrestations des deux côtés.

Plus que les débordements eux-mêmes, ce sont les déclarations de Donald Trump qui continuent d’être pointées du doigt comme des incitations à la violence, ce dont il joue de manière dangereuse dans ses discours.

Comme le montre cette vidéo du Huffington Post, le magnat de l’immobilier avait déjà incité ses partisans, le 1er février, à « cogner » sur les fauteurs de troubles en promettant de payer leurs frais de défense devant une cour de justice. Le 23 février encore, il a déclaré qu’il aimerait « donner un coup de poing dans la figure » d’un perturbateur.

Autant de piques, assumées sur le moment puis réfutées dans la presse, qui tendent de plus en plus à normaliser une violence gratuite et inutile, au point de transformer en pugilat ce qui s’apparentait à des rassemblements au nom de la liberté d’expression. Avant, les opposants trop bruyants étaient menés sans heurts vers la sortie, désormais ils sont pris pour cibles et molestés dans un consentement généralisé.

Guillaume Alvarez

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