Dieudonné a présenté un nouveau spectacle

(Belga) Le polémiste Dieudonné, condamné pour antisémitisme, a donné lundi soir à Paris un spectacle présenté comme nouveau, mais qui reprend entièrement la trame du précédent, interdit en France, en l’expurgeant des attaques les plus directes contre les Juifs.

Sous haute surveillance après le bras de fer ayant opposé ces derniers jours le gouvernement socialiste à ses partisans et ses avocats qui avaient crié à la censure, le comédien a présenté devant des fans « Asu Zoa », aux sketches quasi identiques à ceux du show « Le Mur » interdit, a constaté un journaliste de l’AFP qui a pu voir les deux versions du spectacle à une dizaine de jours d’intervalle. Plus de référence explicite au maréchal Pétain, chef de l’Etat pendant l’occupation de la France par l’Allemagne, qui apparaissait auparavant comme le président « préféré » de » Dieudonné, face à François Hollande. Le journaliste de France Inter Patrick Cohen est encore évoqué, mais sans les références aux chambres à gaz qui avaient choqué et mobilisé notamment le ministère de l’Intérieur. De la même façon, Dieudonné ne dit plus « Je n’ai pas à choisir entre juifs et nazis, je suis neutre dans cette affaire », un des passages qui avaient choqué dans son spectacle Le Mur. « Je n’étais pas né, qu’est-ce qu’il s’est passé? Qui a volé qui? J’ai ma petite idée… », a aussi disparu de la nouvelle version. Dans la salle, pleine à craquer, le public a montré son soutien au polémiste tout au long du spectacle, l’acclamant debout à la fin de la représentation. Après avoir interdit plusieurs représentations du Mur à Paris, la préfecture de police de Paris a autorisé la représentation lundi soir. L’un des avocats de Dieudonné, Me Jacques Verdier, avait expliqué à l’AFP que la police avait pris « acte qu’il s’agit d’un nouveau spectacle ». De son côté, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est toutefois dit « sceptique » lundi sur les « remords soudains » de Dieudonné, dans un entretien au quotidien Le Parisien. Le ministre, qui a mené la semaine dernière l’offensive gouvernementale contre l’humoriste, avait toutefois souligné que « d’une manière générale, on n’interdit pas une personne, mais un spectacle qui porte gravement atteinte à la dignité humaine » Selon un sondage BVA pour iTélé-CQFD, 83 % des Français ont une mauvaise opinion de Dieudonné, mais une courte majorité (52%) est hostile aux interdictions des spectacles. Rendu célèbre dans les années 90 par ses sketches avec l’humoriste juif Elie Semoun, Dieudonné, d’origine camerounaise, a suivi un parcours singulier, en exprimant de plus en plus ouvertement des positions antisémites. Il s’est rapproché du parti d’extrême droite Front national, dont l’ancien leader, Jean-Marie Le Pen, est le parrain de l’un de ses enfants. (Belga)

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