Dangereuse la N-VA ? – « Le Premier n’est pas comptable de l’opposition mais doit ménager sa coalition »

(Belga) Dans le fédéralisme belge, le Premier ministre n’est pas comptable d’une diplomatie prenant en compte les intérêts de son opposition, mais il doit aussi veiller à ne pas mettre ses partenaires de coalition en difficulté, a fait observer lundi le politologue Vincent de Coorebyter, interrogé par Belga.

Le Premier ministre Elio Di Rupo (PS) a suscité une série de réactions critiques de la part de certains de ses partenaires de coalition fédérale (CD&V, Open Vld et MR se sont exprimés) pour avoir qualifié dimanche la N-VA de parti politique « très dangereux ». Pour Vincent de Coorebyter, directeur du CRISP (Centre de recherche et d’information socio-politiques), le chef du gouvernement fédéral ne peut prendre de position interprétable comme le reflet des intérêts d’une Communauté au détriment d’une autre. C’est le sens du calcul de la parité linguistique au conseil des ministres, pour lequel le Premier ministre n’est pas pris en compte. « Pour autant, il n’est pas un chef d’Etat, mais le chef d’une coalition déterminée, qui a une opposition. Il n’est pas comptable d’une diplomatie prenant en compte les intérêts de cette opposition ; il est libre d’avoir un jugement sur un parti d’opposition qui par ailleurs ne le ménage pas », fait observer l’analyste, rappelant que la N-VA a été associée un an aux négociations pour la formation d’un gouvernement, avant de choisir de « sortir du jeu ». Le Premier ministre doit toutefois veiller à ne pas mettre ses partenaires de coalition en difficulté, ajoute-t-il. Ceux-ci – même l’Open Vld, pourtant opposé à la N-VA au gouvernement flamand (CD&V/N-VA/sp.a) – peuvent craindre une dynamique positive pour la N-VA si l’on braque trop les projecteurs sur elle ou si on l’attaque trop frontalement, lui permettant de se présenter en martyr d’une coalition pro-francophone. « Entre partis francophones et même au sein de ceux-ci, on ne voit pas de stratégie de communication claire vis-à-vis de la N-VA ; ce pourrait être utile », commente Vincent de Coorebyter, qui dresse un parallèle à cet égard avec les discussions intra-francophones sur l’accueil des compétences transférées dans le cadre de la 6e réforme de l’Etat, objet cet après-midi de débats en Commission Wallonie-Bruxelles. (BENOIT VANZEVEREN)

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