Hansel et Gretel, armes au poing dans une version du conte des Frères Grimm re-visitée par la NRA. © NRA Family

Chaperon Rouge, le loup et un fusil : comment la NRA réécrit les contes pour enfants

Stagiaire Le Vif

La NRA, le plus grand lobby pro-armes à feu des Etats-Unis, réinvente les contes de fées en donnant des armes à ses héros. L’initiative, qui crée la polémique, est perçue par l’association comme une manière d’enseigner la sécurité aux plus jeunes.

« Vous êtes-vous déjà demandé comment finiraient les contes de fées si les malheureux Petit Chaperon rouge et Hansel et Gretel avaient appris à utiliser des armes à feu en toute sécurité ? »

C’est par cette théorie que la NRA (National Rifle Association), la plus grande association défendant le port d’armes aux Etats-Unis, a justifié la publication récente d’une série de contes pour enfants dans lesquels les personnages principaux portent des armes à feu.

Sur son site, le lobby a publié fin de la semaine dernière une nouvelle version de « Hansel et Gretel »*, où l’on peut voir les célèbres frère et soeur partir à la chasse armés chacun d’un fusil. Ils parviennent ensuite, grâce à l’aspect dissuasif de leurs armes, à délivrer des enfants emprisonnés par la sorcière, sans compter sur l’intervention du shérif et de ses villageois, tous armés également.

Cette nouvelle publication fait suite à une autre première version « revisitée » du « Petit Chaperon rouge », parue mi-janvier, dans laquelle la jeune fille gambade dans les bois affublée d’une carabine. L’histoire va d’ailleurs plus loin puisque la grand-mère, qui attend patiemment dans son lit l’arrivée de sa petite-fille, est également armée d’un calibre et parvient à protéger Chaperon rouge en intimidant le grand méchant loup.

Face à la polémique que ce premier conte avait déjà suscitée, l’auteure Amelia Hamilton s’était justifiée sur Twitter ; « le Petit Chaperon rouge aurait été bien plus en sécurité si elle avait pu porter une arme ».

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La militante pro-arme a également déclaré que ces histoires revues par la NRA sont en réalité beaucoup moins violentes que les originales et qu’apprendre la sécurité aux enfants leur permettrait sans doute d’éviter ce genre de situations dans leur vie future.

Une initiative violemment critiquée par Dan Gross, président de la campagne contre l’armement « Brady Campaign to Prevent Gun Violence », qui accuse la NRA de vivre elle-même dans un conte de fées où les enfants ne sont pas victimes des armes.

« Cette approche démontre à quel point l’organisation désespère de vendre plus de fusils, si bien qu’elle doit maintenant en faire la publicité auprès des enfants en pervertissant des classiques de la littérature enfantine en dépit du carnage quotidien », a-t-il déclaré.

Les fusillades demeurent un problème récurrent aux Etats-Unis, où plus de 30.000 Américains meurent par balle chaque année. Mais la question des armes continue de diviser les citoyens, entre ceux qui défendent leur utilisation au nom de leur propre protection et ceux qui veulent mieux en contrôler la circulation.

Face aux incidents ou fusillades de masse, la NRA, qui a compté dans ses rangs près de huit présidents américains et personnalités comme Chuck Norris, maintient depuis longtemps un discours fondé sur l’idée que plus le pays sera armé, plus il sera en sécurité.

Guillaume Alvarez

* En 2013, une version déjà plus « hardcore » du conte des Frères Grimm avait également vu le jour au cinéma sous le nom de « Hansel and Gretel, Witch hunters » (« les chasseurs de sorcières »). Dans cette réadaptation, le duo, marqué par sa rencontre avec la sorcière, décide une fois grandit de prendre les armes pour lutter contre les forces du mal.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire