Birmanie: au moins dix morts dans des violences communautaires

(Belga) Au moins dix personnes ont été tuées dans le centre de la Birmanie dans des émeutes entre communautés bouddhiste et musulmane, selon plusieurs témoins, les pires violences depuis celles survenues en 2012 dans l’ouest du pays.

« J’ai vu plusieurs corps après les violences de ce matin. Plus de dix personnes ont été tuées », a affirmé Win Htein, le député de la circonscription de Meiktila appartenant à la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante Aung San Suu Kyi. Un couvre-feu a été imposé dans cette ville proche de Mandalay suite à une brutale flambée de violences qui a démarré mercredi après une querelle dans un marché entre un vendeur musulman et des clients. « Le couvre-feu a été imposé parce que la situation empirait », a déclaré un responsable policier à l’AFP par téléphone. « Nous essayons de contrôler la situation (…) qui n’est pas encore revenue à la normale ». Deux personnes, dont un moine bouddhiste, ont été tuées mercredi, selon la police. Mais aucun bilan officiel n’était disponible jeudi. « Trois mosquées ont été détruites. Le couvre-feu reste en vigueur de 20h00 à 05h00 du matin », a précisé une source policière. Un résident de la ville, contacté lui aussi par téléphone par l’AFP, a confirmé des scènes de chaos. « J’ai vu beaucoup de corps, je peux même les sentir », a-t-il affirmé sous couvert de l’anonymat, évoquant lui aussi « plus de dix » victimes. « La police ne peut contrôler les gens, il y a des groupes dans les rues avec des couteaux et des bâtons ». Le député a pour sa part confirmé qu’il s’agissait de « tensions religieuses ». Il a estimé que la ville comptait 80.000 habitants dont environ 30.000 musulmans qui cohabitaient sans difficulté jusqu’à présent. Mais ces incidents interviennent dans un contexte de grande tension entre bouddhistes et musulmans. Deux vagues de violences opposant des membres de l’ethnie bouddhiste rakhine et des musulmans apatrides de la minorité des Rohingyas ont fait au moins 180 morts et plus de 115.000 déplacés en 2012, dans l’Etat Rakhine (ouest). L’Etat ne reconnaît pas les 800.000 Rohingyas confinés dans l’Etat Rakhine comme une minorité du pays. Et après des décennies de brimades diverses et d’une oppression orchestrée par la junte, ils sont toujours considérés comme des immigrés illégaux par la majorité des Birmans qui ne cachent pas leur franche hostilité à leur égard. (ANA)

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