Liesbeth Homans. © Belga

Yves Ghequiere proposé comme bourgmestre de Linkebeek: « Trop fou pour en parler »

La désignation d’Yves Ghequiere comme candidat bourgmestre de Linkebeek est un événement « trop fou pour en parler » a affirmé mercredi après-midi la ministre flamande des Affaires Intérieures Liesbeth Homans (N-VA), interrogée au parlement flamand au sujet de l’arrêt du Conseil d’Etat qui a confirmé la non-nomination de Damien Thiéry.

Mme Homans a précisé qu’elle examinerait la candidature d’Yves Ghequiere au poste de bourgmestre « comme elle examine chaque acte de candidature de bourgmestre ».

Mais la ministre des Affaires intérieures flamandes juge que le fait qu’Yves Ghequiere soit à présent proposé comme candidat à la nomination « est trop fou pour en parler. Je l’ai proposé il y a plus d’un an, et il a alors refusé d’être nommé. Tout tourne autour de l’ego de Damien Thiéry », a-t-elle commenté, interrogée par Willy Segers (N-VA). Pour Liesbeth Homans, si Yves Ghequiere avait alors accepté sa proposition, tout ce qui s’est passé par la suite n’aurait pas été nécessaire.

« Mais M. Thiéry conçoit peut-être enfin après neuf ans, qu’il ne doit pas se tourner vers le Conseil d’Etat, qu’il a fait marche arrière et qu’il doit suivre les règles de la Flandre », a-t-elle encore dit.

Le Conseil d’Etat a confirmé pour la troisième fois, lundi, la non-nomination de Damien Thiéry comme bourgmestre de Linkebeek. La majorité francophone a décidé depuis lors de soutenir la candidature d’Yves Ghequiere à cette fonction.

« Tâche extrêmement délicate »

Car Yves Ghequiere sera bien proposé lundi soir comme bourgmestre de Linkebeek dans l’espoir de mettre fin au carrousel des nominations, a annoncé Damien Thiéry, à la satisfaction de l’opposition flamande.

M. Ghequiere a accepté mercredi matin cette « tâche extrêmement délicate » de bourgmestre, bien qu’il ne soit « absolument pas demandeur du titre », a affirmé M. Thiéry, qui est également député MR, lors d’une conférence de presse à la Chambre.

M. Damien a, comme président du conseil communal, le droit de convoquer un tel conseil, dont la prochaine réunion se tiendra le 6 février à 20h00 à la maison communale de Linkebeek.

« Notre ambition est de continuer à travailler exactement de la même manière que ce que nous faisions avant que M. (Eric) De Bruycker ne soit là », a-t-il ajouté en mentionnant le bourgmestre imposé par la ministre flamande des Affaires intérieures, Liesbeth Homans (N-VA), qui a refusé de nommer M. Thiéry en raison de violations à la législation linguistique.

Le Conseil d’Etat a donné raison à trois reprises depuis 2007 au gouvernement flamand, dont la dernière fois lundi dans un arrêt qui a surpris le principal intéressé car « pour la première fois dans ce dossier », selon lui, cette juridiction n’a pas suivi l’avis des deux auditeurs, l’un francophone et l’autre néerlandophone.

Le député MR a également annoncé sa volonté de « mettre Eric De Bruycker sur la touche », expliquant qu’il n' »a jamais rien fait » quand il dirigeait la commune. Ce conseiller communal – l’un des deux élus flamands au sein d’un conseil dominé par la liste francophone LB (LinkeBeek) qui dispose de treize sièges sur quinze – avait démissionné quelques semaines après sa nomination par Mme Homans en octobre 2015, mais il reste en place faute de remplaçant nommé.

La ministre flamande, qui exerce la tutelle sur les six communes, avait auparavant proposé la nomination de M. Ghequiere, qui avait décliné cette offre.

M. Thiery s’est, devant la presse, demandé quelle serait maintenant l’attitude de Mme Homans.

« C’est Mme Homans qui a toutes les clés en main. Si elle n’a pas envie de nommer Ghequiere, clairement pour nous ennuyer, parce la demande vient de chez nous – elle ne vient plus de chez elle -, elle aurait le droit d’invoquer cette raison-là pour ne pas le nommer », a-t-il souligné.

« Et alors la question sera ‘qu’est-ce qu’on fait’? Est-ce qu’on va au Conseil d’Etat », a-t-il ajouté.

M. Thiéry a toutefois souligné que si la liste francophone s’adressait au Conseil d’Etat, « De Bruycker reste dans le jeu », faute de nomination. « Je ne veux en tout cas pas continuer à travailler avec un type comme ça », a-t-il lancé abruptement.

A Linkebeek-même, l’opposition flamande – les deux élus siégeant au conseil communal sous la bannière Prolink -, a réagi positivement mercredi à l’annonce du soutien de la candidature d’Yves Ghequiere par la majorité francophone au poste de bourgmestre de Linkebeek.

Pour Prolink, cette option est celle pour laquelle l’opposition néerlandophone plaide depuis plus de deux ans.

« J’espère que cela contribuera à ramener enfin la paix communautaire à Linkebeek », a commenté le conseiller communal néerlandophone Rik Otten.

A ses yeux, M. Ghequiere est acceptable comme bourgmestre, car contrairement à M. Thiéry, « il n’est pas un tenant d’une ligne dure sur le plan communautaire » et « ne cherchera pas la confrontation ». La désignation d’Yves Ghequiere « peut aussi signifier que l’emprise de Damien Thiéry au sein de sa majorité francophone régresse », a ajouté M. Otten, rappelant que lors du scrutin de décembre 2015, Yves Ghequiere avait quasi doublé son nombre de voix de préférence (958, pour 520 lors des élections d’octobre 2012), s’approchant des 1.200 voix obtenue par M. Thiéry.

Pour Rik Otten, il est regrettable que les francophones n’aient pas décidé plus tôt de proposer la candidature d’Yves Ghequiere au maïorat, ce qui aurait ainsi évité un nouveau carrousel communautaire sans avoir forcé l’organisation d’une élection « totalement superflue ».

Si M. Ghequiere est nommé bourgmestre, la commune à facilités aura droit à un échevin supplémentaire.

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