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Wouter Beke chargé d’une mission de négociation par le roi

Une nouvelle phase dans la recherche d’une solution à la crise s’ouvre ce mercredi. Le roi a reçu Wouter Beke cet après-midi et lui a confié une nouvelle mission.

Le président du CD&V, Wouter Beke, a été chargé par le roi d’une « mission de négociation pour préparer un accord sur la réforme de l’Etat », a indiqué le Palais royal dans un communiqué.

Cette mission royale confiée au président des chrétiens-démocrates flamands, fait suite à celle de Didier Reynders, qui avait rendu la veille un rapport concluant à l’existence d’une volonté de négocier « largement partagée par tous les interlocuteurs ».

Après plusieurs missions royales menées par des personnalités du PS, de la N-VA, du sp.a et du MR, c’est donc au tour du CD&V de se voir confier les rênes des pourparlers communautaires.

Le communiqué du Palais, très court, ne fait référence qu’à un accord sur la réforme de l’Etat et non à la formation d’un gouvernement.

Après avoir été reçu par le Souverain au château de Laeken et avoir accepté cette mission, Wouter Beke doit présenter dans les locaux du Sénat une déclaration à la presse.

Le président du CD&V, Wouter Beke, chargé par le roi de préparer un accord sur la réforme de l’Etat, est encore largement méconnu du grand public au sud du pays, essentiellement en raison de son jeune âge (36 ans) et de son arrivée toute récente à la tête des démocrates-chrétiens flamands.

Né à Lommel (Limbourg) le 9 août 1974, Wouter Beke a suivi ses humanités à l’institut Notre-Dame de la Visitation à Bourg-Léopold avant de poursuivre des études universitaires en sciences politiques et sociales à l’université catholique de Louvain (KUL).

Diplômé en 1996, il reste à l’alma mater pour des recherches scientifiques, tout en se spécialisant dans le droit social à la VUB, à Bruxelles.

Il défend avec succès en 2004 une thèse de doctorat sur le CVP – devenu le CD&V, parti qu’il préside actuellement – sous le titre « De Christelijke Volkspartij 1945-1968. De Ziel van een Zuil » (« Le Parti populaire chrétien de 1945 à 1968. L’âme d’un pilier », référence à la structure sociétale du pilier catholique en Belgique).

Avec un grand-père actif au CVP et l’autre à la Volksunie, Wouter Beke a très tôt contracté le virus de la politique. Il prend sa première carte du CVP à l’âge de 22 ans et se présente trois ans plus tard sur les listes pour les élections communales de 2000 à Bourg-Léopold.

Ses bons résultats électoraux lui ouvrent la perspective d’un poste d’échevin, mais il préfère poursuivre sa carrière académique.

En 2004, à l’aube de ses 30 ans, Wouter Beke, suppléant de Stefaan De Clerck au Sénat, reprend le siège de ce dernier. Il devient également échevin des Affaires sociales de sa commune.

Un an plus tôt, Yves Leterme, alors président du CD&V et père du cartel avec la N-VA, l’avait poussé à la vice-présidence du parti, où il demeurera sous les présidences de Jo Vandeurzen et Etienne Schouppe.

Il accède brièvement à la présidence (par intérim) du CD&V en mars 2008, mais repasse à la vice-présidence sous l’ère Marianne Thyssen. Il obtient à cette époque la direction du CEDER, le service d’étude du parti.

Dès lors, le profil du Limbourgeois devient celui de l’idéologue-maison des chrétiens-démocrates flamands. Dans son ouvrage « De Mythe van het vrije ik » (« Le mythe du moi libre »), il cherche à offrir un contre-point aux « manifestes du citoyen » du libéral Guy Verhofstadt en plaidant pour un renforcement des Communautés et la reconnaissance du rôle de la classe moyenne.

Wouter Beke retrouve la présidence par intérim du CD&V l’été dernier, lorsque Marianne Thyssen, marquée par l’échec électoral de son parti aux législatives du 13 juin, décide de démissionner.

Il défend depuis lors le CD&V dans les pourparlers sur une réforme de l’Etat, épaulé en coulisses par le ministre-président flamand Kris Peeters et le Premier ministre Yves Leterme.

Wouter Beke devient président à part entière du CD&V le 22 décembre. Seul candidat, il est élu avec 98,73% des voix. Son ambition avouée est de refaire du CD&V le premier parti de Flandre pour les élections communales de 2012.

Le CD&V modérément optimiste

Les chances de réussite de la mission royale confiée à Wouter Beke, dépendent de la volonté des autres partis, N-VA et PS en tête, d’arriver à une solution, a souligné le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V). « Nous ne pouvons pas accomplir de miracles », a ajouté M. Peeters.

Le fait qu’une personnalité du CD&V prenne la main après plus de 200 jours de tentatives diverses démontre selon lui que son parti « prend ses responsabilités ».

Il dément les affirmations selon lesquelles la désignation de Wouter Beke offre au CD&V une opportunité de sortir de l’ombre de la N-VA. « Sur le fond, nous ne sommes pas dans la roue de la N-VA. Nous avons ces derniers mois présenté nos propres propositions », a souligné le chef du gouvernement flamand.

Kris Peeters dit espérer que Wouter Beke reçoive le temps « nécessaire » pour mener à bien sa mission. Des élections ne résoudraient rien, puisque les mêmes problèmes se poseraient à nouveau après un scrutin, ajoute-t-il.

Pour le député CD&V Eric Van Rompuy, son parti « ne pouvait faire autrement, dans ces circonstances, que de prendre ses responsabilités ». Il parle d’une « lourde mission » et d’un « risque » pour le CD&V, mais ajoute qu’après 250 jours sans gouvernement, aucun parti n’est indemne.

MM. Peeters et Van Rompuy répètent également que leur parti « continue de s’opposer à une tripartite classique sans la N-VA.

Le PS « soutient pleinement » Wouter Beke

Elio Di Rupo, le Président du PS, « soutient pleinement la mission confiée à Wouter Beke », a-t-il annoncé dans un communiqué. .

« Le PS continuera à travailler de manière constructive pour trouver un accord institutionnel équilibré », annonce d’emblée le communiqué.

Pour le parti socialiste il est nécessaire de reprendre les négociations avec tous les partis « qui le souhaitent pour aboutir à une réforme approfondie de l’Etat ».

Le Vif.be, avec Belga

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