© Belga

Wilfried Martens: la presse belge salue l’homme d’État

Le Vif

La presse belge saluait largement vendredi l’homme d’État que fut l’ancien Premier ministre Wilfried Martens, décédé d’un cancer jeudi à l’âge de 77 ans, les quotidiens francophones se montrant toutefois plus nuancés que les néerlandophones.

Un « serviteur invétéré » pour qui la rue de la Loi était un lieu de devoir, ainsi le dépeint Jan Segers dans Het Laatste Nieuws. M. Martens a donné à la Belgique et à la Flandre « une forme nouvelle », ce qui « mérite un grand respect ».

« La conscience du devoir jusqu’au dernier jour », titre la Gazet van Antwerpen, pour qui la Belgique perd l’un de ses responsables politiques les plus importants de l’après-guerre, un homme d’État « pur sang » (en français dans le texte), selon Paul Geudens. A ses yeux, le chrétien-démocrate flamand a fait preuve de courage pour affronter la crise des années ’80, et c’est sous sa direction que la Belgique s’est extirpée de la faillite économique.

Pour Eric Donckier (Het Belang van Limburg), Wilfried Martens « plaçait l’intérêt de l’État au-dessus de tout, travaillait jour et nuit », avec pour revers à cette médaille l’éloignement de sa famille et du monde.

« Le devoir et le décorum collaient à Wilfried Martens », écrit Liesbeth Van Impe (Het Nieuwsblad). Celui qui a dirigé neuf gouvernements a « rebâti le pays en un État fédéral ». Mais c’est aussi sous sa direction que la dette publique a explosé et que le fossé avec le citoyen est apparu, note-t-elle également. « Soudé au pouvoir, mais avec un palmarès impressionnant », résume-t-elle.

« Un homme d’État de chaque seconde », souligne pour sa part Bart Sturtewagen (De Standaard). A ses yeux, le décès de M. Martens souligne combien la politique a changé, elle qui est devenue plus instable alors qu’elle était plus prévisible auparavant. Mais aujourd’hui encore, la démocratie a besoin de dirigeants, souligne-t-il.

Yves Desmet, dans De Morgen, énumère ses souvenirs avec l’ancien Premier. Personne plus que Martens ne s’est autant identifié à sa fonction, estime-t-il.

Pour Isabel Albers (De Tijd), la combattivité de M. Martens s’est traduite à la fois sur les plans politique et privé, « mais à chaque fois il s’est relevé ». Sa conception de ‘civil servant’ peut servir d’exemple à beaucoup de responsables politiques, juge-t-elle.

Sa collègue de L’Echo Nathalie Bamps s’attarde sur les grandes décisions économiques du personnage, comme la dévaluation du franc et le gel des salaires, imprimant un tournant néolibéral.

« Rares sont les hommes politiques qui ont à ce point personnalisé un pays », souligne pour sa part Francis Van de Woestyne (La Libre). Rappelant l’évolution du jeune flamingant vers le fédéralisme « alors révolutionnaire », il ajoute que « s’il a tenu si longtemps, s’il a été à ce point respecté, c’est surtout parce qu’il avait le sens du devoir mais aussi de la parole ».

« Le plus emblématique Premier ministre belge », selon La DH/Les Sports, qui attribue à l’ancien Premier ministre la Belgique fédérale, l’austérité des années ’80 et Les Fourons. « C’est peut-être un peu de son sens du compromis, de son respect de la parole donnée ou encore de cette capacité à évoluer qui manque cruellement à certains hommes politiques flamands », affirme Stéphane Tassin en évoquant les tergiversations du CD&V.

Pour Philippe Leruth (L’Avenir), si Wilfried Martens « n’est pas un leader au charisme incontestable, il est doté d’une vraie rigueur intellectuelle, d’une capacité de synthèse et acquiert peu à peu le sens du compromis ». Il « impose le respect par son travail et sa loyauté ». Mais « ceux qui ont été les artisans du fédéralisme et de la désunion ont aussi été les géniteurs d’un État dont les Communautés se sont de plus en plus éloignées », nuance-t-il.

Béatrice Delvaux (Le Soir) insiste pour sa part sur le choix de Wilfried Martens d’une voie « tout à fait différente de la N-VA, celle de la loyauté vis-à-vis de la Belgique ». « Il a incarné une certaine conception de la gestion de l’État et du sens des responsabilités. Celui qui consiste à affronter les difficultés, à faire advenir ses projets, tout en travaillant sur un horizon long et non celui de l’audimat immédiat ».

Seuls quotidiens à ne pas placer Wilfried Martens en Une, les éditions de SudPresse résument en dix mots-clés la vie politique du défunt, s’attardant largement par ailleurs sur sa vie privée. « Il a marqué l’histoire de la Belgique de son empreinte », résume SudPresse.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire