Wikileaks : des armes nucléaires à Kleine-Brogel ?

Le Vif

Un des câbles diplomatiques émanant de l’ambassade des Etats-Unis en Belgique révélés par le site internet Wikileaks mentionne explicitement la présence d’armes nucléaires en Belgique, jamais – ou très rarement – admise officiellement, a-t-on découvert mardi. Il s’agit du document le plus explicite jamais révélé par Wikileaks sur le sujet.

Ce message, signé par l’ambassadeur des Etats-Unis à Bruxelles, Howard Gutman, et daté du 16 septembre 2009, évoque la position de la Belgique sur les questions nucléaires en général, tant sur les aspects civils que militaires. Il relate une rencontre du 4 septembre précédent entre l' »officier politique » de l’ambassade et l’envoyé spécial pour le désarmement et la non-prolifération au sein du ministère des Affaires étrangères, Werner Bauwens.

« Sur le plan militaire, les armes nucléaires tactiques américaines stationnées (sur la base aérienne) de Kleine-Brogel en Belgique font que le gouvernement (à l’époque dirigé par Herman Van Rompuy avec Yves Leterme aux Affaires étrangères) a une approche prudente », écrit M. Gutman dans ce câble classé « secret » et adressé au département d’Etat (ministère des Affaires étrangères) à Washington. Ce message est plus explicite qu’un autre câble de l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles dont l’existence avait déjà été révélée par Wikileaks.

Cet autre message, datant du 30 novembre 2009 et portant visiblement aussi la patte de l’ambassadeur Gutman, indiquait simplement: « la Belgique a un intérêt particulier pour les questions de non-prolifération nucléaire parce qu’elle participe aux forces nucléaires de l’OTAN (depuis) la base aérienne de Kleine-Brogel », dans le Limbourg.

Les pays de l’OTAN accueillant des armes nucléaires américaines n’ont pour leur part jamais ni confirmé ni démenti cette présence même si elle est un secret public, notamment en ce qui concerne Kleine-Brogel, qui abrite une unité de l’US Air Force, le 701e Munitions Support Squadron (701 MUNSS). La présence d’armes nucléaires américaines à Kleine-Brogel n’a à ce jour été reconnue publiquement qu’une seule fois, en 1988, par le ministre de la Défense de l’époque, Guy Coëme.

S’exprimant à l’occasion du départ de Florennes des missiles de croisière américains retirés en vertu du traité INF de 1987 après trois ans de présence, M. Coëme avait reconnu le 13 décembre 1988 que des armes nucléaires se trouvaient sur la base limbourgeoise. « A l’exception de Kleine-Brogel, il n’y a pas d’autres types d’armes nucléaires dans notre pays », avait-il affirmé – à la consternation de l’ambassadeur américain, Maynard Glitman. La politique constante de l’OTAN est celle du « no-no » (ni confirmer ni démentir) tout en reconnaissant que certaines bases et avions alliés disposent d’une « double capacité » (conventionnelle et nucléaire).

Selon les experts, les Etats-Unis maintiennent encore quelque 240 de ces bombes B-61 largables d’avion dans cinq pays alliés (Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas et Turquie). Elles sont stockées dans des abris souterrains appelés WS3 (Weapon Storage and Security System) et gérées par des militaires américains.

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