Bernard Wesphael et son avocat. © BELGA

Wesphael sauvé par son avocat

Acquitté au bénéfice du doute, Bernard Wesphael doit une fière chandelle à son avocat.

Fini de soupeser les indices pour se former une intime conviction, le jury populaire a tranché. Il nous a déchargé de ce souci. Les douze jurés ont pris sur eux de rendre justice, et le président Philippe Morandini les en a sincèrement remerciés, ce ne devait pas être une partie de plaisir, à voir leurs mines graves et tendues tandis qu’ils regagnaient leur banc.

Bernard Wesphael n’est pas coupable d’homicide sur la personne de Véronique Pirotton et, s’il fait en homme libre ce qu’il a annoncé en prenant une dernière fois la parole comme accusé, il s’attellera à reconstruire : sa famille, ses amis et même la famille de sa femme décédée, si celle-ci accepte sa main tendue. Il ne l’a pas tuée. C’est désormais la vérité judiciaire.

Bernard Wesphael, 58 ans, ancien député du Mouvement de Gauche, est acquitté mais il est acquitté au bénéfice du doute. Les « éléments troublants » sont la position du corps de la victime, l’existence et l’emplacement du sac en plastique, la présence de nombreux hématomes et de lésions sur le corps de la victime, les bruits entendus selon les déclaration des voisins de chambre et l’attitude de Bernard Wesphael suite au décès de son épouse.

Cependant, a poursuivi le président des assise, « l’enquête et les éléments développés au cours des débats ne permettent pas d’établir la culpabilité de l’accusé ». Il en a énuméré les raisons. 1. L’absence de vérification aboutie de certains de ces indices. 2. Le caractère incomplet du scénario présenté par l’accusation au regard des éléments factuels présentés par l’enquête répressive. 3. Tant les traces de fibres que les traces biologiques de la victimes retrouvés à divers endroits ne permettent pas de valider la thèse de l’étouffement. Ainsi le coussin vert de décoration dont toutes les parties conviennent qu’il est resté sur le lit présente également des traces de salive attribuées également à Madame Pirotton. 4. Tant les effets des possibles médications absorbées par la victime que les manoeuvres de réanimation qui lui furent administrées peuvent expliquer les différentes traces relevées au cours de l’autopsie. 5. Enfin, tous les experts, médecins-conseils et conseillers techniques entendus sont unanimes quant au fait que l’intoxication alcoolo-médicamenteuse ne peut pas être exclue comme cause de la mort de Madame Pirotton. « Dès lors, il existe un doute raisonnable, qui doit profiter à l’accusé. »

Wesphael sauvé par Mayence. On retrouve mot pour mot l’argumentation martelée par l’avocat de Charleroi qui signe là, sans doute, un de ses plus grands succès. « Si une petite possibilité existe, si petite soit-elle, que l’intoxication soit plausible, votre réflexion s’arrête ici », avait-il ordonné au jury. Bic levé et bloc ouvert sans réserve, les jurés l’ont écouté.

Une grande affaire s’achève. Démarrée comme un scandale politico-judicaire, souvent à la limite du sordide, elle illustre la fin des assises à l’ancienne. Et la restauration d’une forme de paix sociale qui, si la réforme de la procédure pénale se poursuit, ne sera plus jamais aussi publiquement rétablie.

Lire aussi le portrait de Jean-Philippe Mayence

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire