Web et radicalisation : je t’haine moi non plus !

Le côté obscur de moins en moins caché du web prolifère. Internet pousse à la radicalisation des esprits, par des sentiers tortueux de type droitosphère, haters, rumeurs folles et bourreaux de chats. Soulevons le couvercle et humons !

Le web amène-t-il le monde à se radicaliser ou se fait-il le simple reflet d’une intransigeance grandissante ? L’oeuf ou la poule. Fin des années nonante, une publicité pour un fournisseur d’accès campe un univers où des enfants un peu flippants nous vantaient l’ère virtuelle et nous demandaient à nous téléspectateurs si nous étions prêts. Pas loin de 20 ans plus tard et 10 bougies facebookiennes soufflées, il serait intéressant de retrouver ces petits prophètes anxiogènes et leur montrer l’étendue des dégâts : les comiques font de la politique sur YouTube, les rumeurs virtuelles s’invitent dans la sphère politique et les félins martyrs font la une de tous les canards.

La calomnie par l’écran

Internet est devenu l’antichambre de la communication politique. Les coulisses du combat de demain. Prenons l’exemple de cette incroyable rumeur sur la masturbation infantile dans les écoles, dont nous étions les premiers à vous parler. La bande très organisée de Farida Belghoul, nous montre à quel point le poids de la calomnie par l’écran pèse. Les milieux radicaux ont toujours procédé par ce biais là, mais il fallait aller la chercher l’info nauséeuse, elle ne dépassait pas les cloisons et ne servait qu’à alimenter un club en circuit fermé. De nos jours, toutes les informations ont la même valeur, les plus structurées, comme les plus insensées. L’exemple du radical Alain Soral est probant. Il digresse des heures entières, assis sur son incontournable canapé rouge. Il commente, réoriente l’actualité sans interruption, sans confrontation. Il met en lumière que le fait d’actualité infondé a une saveur unique, un parfum de transgression, un goût de dissidence. Où trouver la mesure à l’heure où des millions de personnes ne s’informent plus que sur des sites (trop) orientés.

La parole libre

Si tout ceci a un poids aujourd’hui, c’est certainement lié au grand déversoir des commentaires. Tout se commente. Chaque avis compte. C’est merveilleux. L’internaute vide son sac, sans aucun état d’âme. L’opinion générale fait office de thérapie collective. D’aucuns ne procéderaient de cette façon-là au cours d’un face à face. Mais l’anonymat virtuel protège et tous les coups sont permis. Je compare une femme publique de couleur à une guenon. J’aime la vidéo d’un sale type qui latte des chats. Je fais la révolution par la souris. La parole est libre, la modération fait le dos rond, quitte à y aller, autant le faire avec virulence et véhémence. Le fait que tous ces libres penseurs soient récupérés par des groupuscules politisés ne semble pas les affecter puisqu’ils font le choix. L’hyper référencement sur les moteurs de recherche de leurs héros virtuels ne les inquiète pas outre mesure et ne heurte aucunement leur âme de dissident. Les répercussions sont évidemment palpables et s’invitent dans la sphère publique, politique et morale. Les exemples sont nombreux chez nos voisins, mais chez nous également, de plus en plus. Tout est prétexte à rendre coupable l’autre, à injurier, à déverser sa haine de l’ennemi invisible. Voyons si les secousses de ce radicalisme par le web iront jusqu’à ébranler les prochaines urnes. Pour l’heure, continuons à combiner avec les révolutionnaires attiédis par la lumière des écrans en tout genre. Pas loin de 20 ans plus tard et 10 bougies facebookiennes soufflées, il vaut mieux ne pas tirer de bilan.

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