© Frédéric Pauwels et Olivier Papegnies/Collectif Huma

Waterloo : des reconstitutions à 8 millions d’euros

Le Vif

200 000 spectateurs, 9 000 barrières Nadar, 468 000 pièces de vaisselle, 2,5 tonnes de poudre noire : l’organisation du bicentenaire de la bataille de Waterloo est l’un des plus importants événements en plein air organisé en Belgique. L’équilibre financier est toutefois encore incertain.

« Et dire qu’il y a deux mois encore, ce n’était que des champs. Je suis impressionné à chaque fois que je fais le déplacement. » A quelques jours des commémorations du bicentenaire de la Bataille de Waterloo, du 18 au 21 juin, Patrick Parmentier mêle inquiétude et excitation quand il jette un oeil sur ce champ de bataille qui est devenu son quotidien. Le chef d’orchestre de cet événement à dimension internationale – 200 000 spectateurs de 75 pays sont attendus – est en tout cas en train de jouer une belle partition. « Un fameux pari, précise le directeur opérationnel de VO Group, une agence bruxelloise spécialisée dans l’organisation d’événements culturels et sportifs qui pèse 15 millions d’euros de chiffres d’affaires. Aucun événement de cette ampleur n’a jamais été organisé en plein air en Belgique. Surtout qu’il n’y avait rien ici. Regardez toutes ces tribunes par exemple : trouver 50.000 sièges n’a pas été une mince affaire. Nous avons dû aller en commander aux Pays-Bas et en France. »

A quelques jours du spectacle Inferno, qui ouvrira les commémorations le 18 juin, le site se dessine au pas de course : les vingt-deux tribunes sont en place, les impressionnantes tentes réservées aux 8 000 VIP commencent à prendre forme alors que des « rues » entières ont été reconstituées à travers champs. Une obligation des pompiers en cas d’intempéries. « Cela fait partie des impondérables que nous avons du ajouter à notre cahier des charges, relève Patrick Parmentier. Il y en a eu quelques-uns… Comme ces agriculteurs qui craignent que les spectateurs piétinent leurs terres et nous assignent en justice. Mais il faut accepter les aléas quand on se lance dans une organisation de ce type. » Les lieux impressionnent en tout cas de par leur ampleur. La zone réservée aux combats s’étend sur un 1,3 km de large et 1,4 km de long. Le tout ceinturé par des tribunes. Alors que l’ensemble du site a été fermé à coup de barrières Heras pour éviter que l’un ou l’autre trublion pénètre sur le terrain des reconstitutions.

Les chiffres avancés sont à la hauteur de l’événement : 5 000 reconstituants, 350 journalistes accrédités, 15 000 m2 de tentes, 468 000 pièces de vaisselle, 5 km de barrière Heras, 9 000 barrières Nadar ou encore 25 000 m2 de plaques en acier. « Ces plaques forment les voies de liaison pour les piétons et les services de secours. Tout le site est balisé. C’est impressionnant : elles pèsent une tonne pièce ! » Ajoutons que plus de 2 000 personnes travailleront pour VO Group durant les festivités.

D’importantes retombées économiques

« La mobilité a été l’élément le plus compliqué à régler, fait remarquer Patrick Parmentier. Une quantité invraisemblable d’éléments a du être prise en compte. La gestion des flux a également fait l’objet d’un travail particulier. Rayon difficultés, j’ajouterais la quantité d’acteurs qu’il y avait autour de la table. Cela n’a pas vraiment facilité la réactivité et la rapidité d’exécution… » Un exemple : les reconstitutions se déroulent sur la commune de Lasne, le village VIP, situé à quelques mètres de là, est sur le territoire de Waterloo, alors que la butte du Lion, d’où arriveront la plupart des spectateurs via la nationale 5, est situé à Braine-l’Alleud. Un vrai bonheur en matière d’autorisations…

Enfin, si l’organisation du bicentenaire n’est pas l’événement le plus important organisé par VO Group, il est au moins le plus complexe. Le budget s’élève à 6,5 millions. Et il n’est pas certain que la société fondée par Michel Culot rentrera dans ses frais… « Cela dépendra quelque peu de la météo, regrette Patrick Parmentier, qui s’est associé à la société Verhulst Events pour gérer le volet commercial. Nous espérons arriver à l’équilibre. S’il fait beau, nous pourrions même dégager un léger bénéfice. Il est évident que, dans un premier temps, nous espérions nous engager dans une opération rentable. Différents coûts se sont ajoutés, rendant l’equity compliqué. » Notons que l’ensemble du budget des reconstitutions s’élève à près de 8 millions, le solde étant ajouté par l’asbl Bataille de Waterloo 1815. « Nous avions tablé il y a un an sur un budget compris entre 8 et 10 millions, note Etienne Claude, directeur de l’asbl. Nous sommes donc dans les clous. Il faut surtout noter que les retombées financières seront trois fois supérieures aux montants investis. Un exemple : il y aura 30 % de visiteurs étrangers qui dépenseront, en moyenne, 250 euros par jour. C’est énorme. »

Dans le même temps, si les organisateurs pensaient que les sponsors allaient se presser au pied du Lion, ils ont vite déchanté. Les experts en communication des grandes sociétés hésitant le plus souvent à associer leur image à un événement historique lié à un moment de guerre. « Ce projet était un pari risqué, contrairement à ce qu’affirment certains, fait remarquer Patrick Parmentier. Rien n’était garanti quant à sa réussite quand nous avons été désigné en février 2014. Le travail fourni a été important. Et l’épopée magnifique. Dans tous les cas, même en cas de déficit, les retombées seront intéressantes pour notre société. »

Quant à l’impact sur les finances communales des quatre communes concernées (Lasne, Genappe, Braine-l’Alleud et Waterloo), il est difficilement chiffrable. Si les services de police sont par exemple sollicités, des voiries ont également été réaménagées, sans oublier d’autres travaux visant à embellir les différentes entités. Des investissements pérennes qui amélioreront leur image. Les retombées économiques, elles, seront pratiquement nulles pour les caisses communales, les commerçants étant les principaux bénéficiaires du bicentenaire.

Xavier Attout

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