Michel Delwiche

Wallonie: les bus roulent même à Liège et à Charleroi!

Michel Delwiche Journaliste

Aujourd’hui, les bus wallons roulent, même à Liège et à Charleroi. C’est une info. Mais le ridicule conflit de la semaine dernière montre à quel point le modèle est à réinventer. Du côté syndical comme du côté du management et de l’organisation générale du service.

A Herstal, des chauffeurs avaient, de leur propre initiative, dévié leur parcours afin d’éviter une zone de travaux. Lundi dernier, la direction du TEC Liège a fait savoir qu’elle considérait cette initiative comme une faute grave, et mercredi, elle a convoqué les 18 chauffeurs en cause. Jeudi matin, les bus ne sont pas sortis, vendredi non plus. Cette grève sauvage a contaminé Charleroi où, vendredi matin, les chauffeurs ont également débrayé « par solidarité ».

Antidémocratique

Il est intolérable qu’une minorité puisse imposer sa loi. C’est pourtant ce qui s’est passé à Liège et Charleroi où -et c’est confirmé de source syndicale- la majorité des chauffeurs ne se seraient pas ainsi croisé les bras s’ils n’y avaient été contraints par la publicité d’un vote à main levée, et la crainte de passer pour des dégonflés aux yeux d’une assemblée houleuse, où c’est souvent celui qui crie le plus fort qui est suivi. Les TEC démontrent ainsi une fois de plus qu’ils sont le terrain d’une surenchère de la base syndicale, qui prive de leurs droits des citoyens qui ne font pas forcément partie des mieux nantis.

Mais il n’y a pas que le modèle syndical à réformer. Il en va des TEC comme des Intercommunales ou des sociétés de logement de service public (SLSP): les nominations aux postes de direction ont hélas plus souvent été le fruit d’un équilibrage politique que le résultat d’un appel aux compétences. Et l’on a vu plus d’une fois, dans toutes ces structures, l’arrogance de certains qui se sentent inamovibles constituer un véritable frein à un dialogue social serein. Ils n’ont finalement de comptes à rendre qu’à un conseil d’administration majoritairement de la même couleur politique, et composé de personnes placées là en récompense de services rendus. Mais qui n’ont peut-être pas la vigilance requise pour un contrôle efficace, et qu’il peut parfois être possible de berner sans trop de peine.

Six conseils d’administration

Les usagers des services publics (TEC, intercos ou SLSP) méritent une meilleure organisation que celle-là. Faut-il 6 conseils d’administration pour faire rouler les bus wallons? Aujourd’hui, chacun des 5 TEC a le sien, de même que la SRWT (la Société régionale wallonne du transport, ou groupe TEC) qui les chapeaute, tous composés de conseillers communaux, d’échevins, de syndicalistes, de cabinettards ou cumulards professionnels. Au TEC Liège-Verviers, les membres de ce conseil d’administration se sont, en 2012, partagé 34.000€ d’émoluments, pour dix réunions. Plus ou moins pareil dans les autres TEC, et, à la SRWT, 137.500€, ce qui porte le total à plus de 300.000€ pour l’an dernier.

Agiter des menaces de privatisation ne fait pas avancer les choses. La Wallonie a choisi de confier le transport de personnes à une société publique, qui en détient le monopole, et concède, sous son contrôle, l’exploitation de certaines lignes plus difficiles au niveau de l’organisation à des privés (les « fermiers »). C’est un bon équilibre, mais fragile, et dont le fonctionnement doit être consolidé. Grâce à toutes les bonnes volontés.

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